Lois discrètes finies usuelles

Dans toute cette partie, on considère un espace probabilisé \((\Omega,\mathcal{P}(\Omega),\mathbb{P})\) sur lequel toutes les variables aléatoires envisagées sont définies.

Variable aléatoire constante

Définition

Une variable aléatoire \(X\) est dite constante (ou certaine) s’il existe un réel \(a\) tel que : \(X(\Omega)=\{a\}\).

Remarque

En particulier, si \(X\) est une variable aléatoire constante égale à \(a\), alors : \(\mathbb{P}(X=a)=1\).

Théorème

Si \(a\in\mathbb{R}\) et si \(X\) est une variable aléatoire certaine égale à \(a\), alors : \[\mathbb{E}(X)=a \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=0\]

Preuve

Si \(X\) est la variable aléatoire certaine égale à \(a\), elle est discrète finie, donc admet une espérance et une variance. De plus, comme \(X(\Omega)=\{a\}\), on a : \[\mathbb{E}(X)=a\;\mathbb{P}(X=a)=a \quad\text{et}\quad\mathbb{E}(X^2)=a^2\;\mathbb{P}(X=a)=a^2\] et donc : \[\mathbb{E}(X)=a,\quad \mathbb{E}(X^2)=a^2 \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=a^2-a^2=0\]

Loi de Bernoulli

On considère une expérience aléatoire ayant deux issues possibles, appelées succès ou échec. Une telle épreuve est appelée épreuve de Bernoulli. La variable aléatoire prenant la valeur \(1\) en cas de succès et \(0\) en cas d’échec est appelée variable aléatoire de Bernoulli.

Par exemple, si l’expérience consiste à tirer une boule au hasard dans une urne contenant \(10\) boules, dont \(3\) boules blanches et \(7\) boules noires et si l’on suppose que chaque boule a la même probabilité d’être tirée, la variable aléatoire \(X\) prenant la valeur \(1\) si l’on obtient une boule blanche et \(0\) sinon est une variable aléatoire de Bernoulli et, chaque boule de l’urne ayant la même probabilité d’être tirée : \[\mathbb{P}(X=1)=\frac{3}{10} \quad\text{et}\quad\mathbb{P}(X=0)=\frac{7}{10}=1-\frac{3}{10}\]

Définition

Si \(p\) est un élément de \(]0,1[\), on dit qu’une variable aléatoire \(X\) suit la loi de Bernoulli de paramètre si \(X\) prend ses valeurs dans \(\{0,1\}\) et si : \[\mathbb{P}(X=1)=p \quad\text{et}\quad\mathbb{P}(X=0)=1-p\]

Remarque
  • La loi de Bernoulli de paramètre \(p\in\,]0,1[\) est notée \(\mathcal B(p)\).

  • Si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi de Bernoulli de paramètre \(p\in\,]0,1[\), on note : \(X \hookrightarrow \mathcal B(p)\).

Proposition

Si \(p\in\,]0,1[\) et si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi de Bernoulli de paramètre \(p\), alors : \[\mathbb{E}(X)=p \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=p \left( 1-p \right)\]

Preuve

Si \(X\) suit la loi de Bernoulli \(\mathcal B(p)\), \(X\) est une variable aléatoire discrète finie, elle admet une espérance et une variance. De plus, on a : \[\mathbb{E}(X)=0\times \mathbb{P}(X=0) +1\times \mathbb{P}(X=1)=p \] et : \[ \mathbb{E}(X^2)=0^2\times \mathbb{P}(X=0) +1^2\times \mathbb{P}(X=1)=p\] et donc : \[\mathbb{E}(X)=p \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=p-p^2=p(1-p)\]

Loi binomiale

Dans cette sous-partie, \(n\) est un entier naturel non nul et \(p\) est un réel appartenant à \(]0,1[\).

On considère une expérience aléatoire consistant à répéter \(n\) épreuves indépendantes et identiques de Bernoulli. La loi de la variable aléatoire égale au nombre de succès dans cette suite d’épreuves est dite binomiale.

Par exemple, si l’expérience consiste à tirer successivement, au hasard et avec remise, \(n\) boules dans une urne contenant une proportion \(p\) de boules blanches, la variable aléatoire \(X\) égale au nombre de boules blanches obtenues suit une loi binomiale.

Elle prend ses valeurs dans \(\left[\kern-0.15em\left[ {0,n} \right]\kern-0.15em\right]\) et, si \(k\in\left[\kern-0.15em\left[ {0,n} \right]\kern-0.15em\right]\), l’événement \([X=k]\) se réalise si et seulement si exactement \(k\) boules tirées sont blanches et les \(n-k\) autres sont noires.

De plus, les tirages s’effectuent au hasard et avec remise, donc les tirages sont mutuellement indépendants et, à chaque tirage, la probabilité d’obtenir une boule blanche est \(p\) et celle d’obtenir une boule noire est \(1-p\). Si l’on fixe les \(k\) tirages auxquels ont souhaite obtenir une boule blanche, la probabilité d’obtenir une boule blanche à chacun de ces \(k\) tirages et une boule noire à chacun des \(n-k\) autres est \(p^k(1-p)^{n-k}\).

Comme cette probabilité est de dépend pas des numéros de tirage où l’on obtient une boule blanche et comme il y a \(\binom nk\) choix des tirages donnant une boule noire, on a donc : \[\forall k\in\left[\kern-0.15em\left[ {0,n} \right]\kern-0.15em\right],\ \mathbb{P}(X=k)=\binom nk\,p^k(1-p)^{n-k}\]

Définition

On dit que \(X\) suit la loi binomiale de paramètres et si \(X\) prend ses valeurs dans \(\left[\kern-0.15em\left[ {0,n} \right]\kern-0.15em\right]\) et si : \[\forall k\in\left[\kern-0.15em\left[ {0,n} \right]\kern-0.15em\right],\ \mathbb{P}(X=k)=\binom nk\,p^k(1-p)^{n-k}\]

Remarques
  • La loi binomiale de paramètres \(n\) et \(p\) est notée \(\mathcal B(n,p)\).

  • Si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi binomiale de paramètres \(n\) et \(p\), on note : \(X \hookrightarrow \mathcal B(n,p)\).

  • On peut remarquer que la loi binomiale \(\mathcal{B}(1,p)\) est la loi de Bernoulli \(\mathcal B(p)\).

Proposition

Si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi binomiale de paramètres \(n\) et \(p\), alors \(X\) admet une espérance et une variance et : \[\mathbb{E}(X)=np \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=np \left( 1-p \right)\]

Exercice

Démontrer la proposition.

Solution

Si \(X\) suit la loi binomiale \(\mathcal B(n,p)\), \(X\) est une variable aléatoire discrète finie, donc elle admet une espérance et une variance. De plus, on a : \[\begin{aligned} \mathbb{E}(X) &= \sum_{k=0}^n k\,\mathbb{P}(X=k)\\ &= \sum_{k=0}^n k\,\binom nk\,p^k (1-p)^{n-k}\\ &= \sum_{k=1}^n n\,\binom{n-1}{k-1} \,p^k (1-p)^{n-k}\\ &= n\,\sum_{k=1}^{n-1} \binom{n-1}k\,p^{k+1} (1-p)^{n-1-k} \\ &= np\,\sum_{k=1}^{n-1} \binom{n-1}k\,p^k (1-p)^{n-1-k} \end{aligned}\]

et finalement, d’après la formule du binôme de Newton et comme \(p+(1-p)=1\) : \[\mathbb{E}(X)=np\]

De même, on a : \[\begin{aligned} \mathbb{E}(X^2) &= \sum_{k=0}^n k^2\,\mathbb{P}(X=k)\\ &= \sum_{k=0}^n k^2\,\binom nk\,p^k (1-p)^{n-k}\\ &= \sum_{k=0}^n [k(k-1)+k]\,\binom nk\,p^k (1-p)^{n-k}\\ &= \sum_{k=0}^n k(k-1)\,\binom nk\,p^k (1-p)^{n-k}+ \sum_{k=0}^nk\,\binom nk\,p^k (1-p)^{n-k} \end{aligned}\]

et donc, si \(n\geqslant 2\) : \[\begin{aligned} \mathbb{E}(X^2) &= n(n-1)\, \sum_{k=2}^n \binom {n-2}{k-2}\,p^k (1-p)^{n-k}+ \mathbb{E}(X)\\ &= n(n-1)\, \sum_{k=0}^{n-2}\binom {n-2}{k}\,p^{k+2} (1-p)^{n-2-k}+ np\\ &= n(n-1)p^2\, \sum_{k=0}^{n-2}\binom {n-2}{k}\,p^{k} (1-p)^{n-2-k}+ np\\ &=n(n-1)p^2+np\\ &=np(np-p+1) \end{aligned}\]

et alors, d’après la formule de Kœnig-Huygens : \[\begin{aligned} \mathbb{V}(X) &= \mathbb{E}(X^2)-[\mathbb{E}(X)]^2\\ &= np(np-p+1)-(np)^2\\ &=np(1-p) \end{aligned}\]

Remarque

Il est intéressant de retenir la méthode utilisée dans la preuve, consistant à remarquer que \(k^2=k(k-1)+1\), car elle sera utile dans un grand nombre de situations pour les calculs de moments d’ordre \(2\).

Loi uniforme

Dans cette sous-partie, \(n\) désigne un entier naturel non nul.

On considère une expérience aléatoire consistant à tirer une boule au hasard dans une urne contenant \(n\) boules numérotées de \(1\) à \(n\). Comme le tirage se fait au hasard, la probabilité est uniforme. Par analogie, on dira donc que la variable aléatoire indiquant le numéro de la boule tirée est uniforme. Elle prend ses valeurs dans \(\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right]\) et on a : \[\forall k\in\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right],\ \mathbb{P}(X=k)=\frac{1}{n}\]

Définition

On dit que \(X\) suit la loi uniforme sur si \(X\) prend ses valeurs dans \(\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right]\) et : \[\forall k\in\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right],\ \mathbb{P}(X=k)=\frac{1}{n}\]

Plus généralement, si \(a\) et \(b\) sont deux entiers relatifs tels que \(a<b\), on dit que \(X\) suit la loi uniforme sur \(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right]\) si \(X\) prend ses valeurs dans \(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right]\) et si : \[\forall k\in\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right],\ \mathbb{P}(X=k)=\frac{1}{b-a+1}\]

Remarque
  • La loi uniforme sur \(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right]\) est notée \(\mathcal U(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right])\).

  • Si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi uniforme sur \(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right]\), on note : \(X \hookrightarrow \mathcal U(\left[\kern-0.15em\left[ {a,b} \right]\kern-0.15em\right])\).

Proposition

Si \(X\) est une variable aléatoire suivant la loi uniforme sur \(\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right]\), alors \(X\) admet une espérance et une variance et : \[\mathbb{E}(X)=\frac{n+1}{2} \quad\text{et}\quad\mathbb{V}(X)=\frac{n^2-1}{12}\]

Exercice

Démontrer la proposition.

Solution

Si \(X\) suit la loi uniforme sur \(\left[\kern-0.15em\left[ {1,n} \right]\kern-0.15em\right]\), \(X\) est une variable aléatoire discrète finie, donc elle admet une espérance et une variance. De plus, on a : \[\begin{aligned} \mathbb{E}(X) &=\sum_{k=1}^n k\,\mathbb{P}(X=k)\\ &=\frac{1}{n}\,\sum_{k=1}^n k\\ &= \frac{1}{n}\times \frac{n(n+1)}{2}\\ &= \frac{n+1}{2} \end{aligned}\]

De même, on a : \[\begin{aligned} \mathbb{E}(X^2) &=\sum_{k=1}^n k^2\,\mathbb{P}(X=k)\\ &=\frac{1}{n}\,\sum_{k=1}^n k^2\\ &= \frac{1}{n}\times \frac{n(n+1)(2n+1)}{6}\\ &= \frac{(n+1)(2n+1)}{6} \end{aligned}\]

D’après la formule de Kœnig-Huygens, on a donc : \[\begin{aligned} \mathbb{V}(X) &= \mathbb{E}(X^2)-[\mathbb{E}(X)]^2\\ &= \frac{(n+1)(2n+1)}{6}-\frac{(n+1)^2}{4}\\ &= \frac{(n+1)(4n+2)-(n+1)(3n+3)}{12}\\ &= \frac{(n+1)(n-1)}{12}\\ &=\frac{n^2-1}{12} \end{aligned}\]