Injectivité, surjectivité, bijectivité

Injectivité

Définition

Si \(f\) est une application de \(E\) dans \(F\) , on dit que \(f\) est injective si tout élément de \(F\) admet au plus un antécédent par \(f\) , c’est-à-dire si : \[\forall (x,x’)\in E^2,\ f(x)=f(x’) \Longrightarrow x=x’\] Dans ce cas, on dit aussi que \(f\) est une injection de \(E\) dans \(F\) .

Remarques
  • Il est essentiel de connaître parfaitement cette définition, sans chercher à modifier les termes ni en oublier. Il en sera de même pour les définitions suivantes.

  • On peut remarquer que, par contraposée, une application \(f\) de \(E\) dans \(F\) est injective si et seulement si : \[\forall (x,x’)\in E^2,\ x\neq x’ \Longrightarrow f(x)\neq f(x’)\]

Exemples
  • L’application \(x\mapsto \dfrac{1}{x}\) est injective de \(\mathbb{R}^\ast\) dans \(\mathbb{R}^\ast\) .

  • La fonction valeur absolue n’est pas injective de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{R}\) puisque \(\left| -2 \right|=\left| 2 \right|\) et \(-2\neq 2\) .

Surjectivité

Définition

Si \(f\) est une application de \(E\) dans \(F\) , on dit que \(f\) est surjective de \(E\) sur \(F\) si tout élément de \(F\) admet au moins un antécédent par \(f\) , c’est-à-dire si : \[\forall y\in F,\ \exists\,x\in E \ / \ y=f(x)\] Dans ce cas, on dit aussi que \(f\) est une surjection de \(E\) dans \(F\) .

Remarque

On peut remarquer que, si \(f\) est une application de \(E\) dans \(F\) , il est équivalent de dire que \(f\) est surjective de \(E\) sur \(F\) et que \(f(E)=F\) .

Exemples
  • L’application \(x\mapsto \dfrac{1}{x}\) est surjective de \(\mathbb{R}^\ast\) dans \(\mathbb{R}^\ast\)

  • La fonction valeur absolue est surjective de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{R}^+\) , mais pas de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{R}\) ( \(-3\) , par exemple, n’a pas d’antécédent par cette fonction).

  • La fonction partie entière n’est pas surjective de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{R}\) ( \(\pi\) , par exemple, n’a pas d’antécédent par cette fonction), mais elle est surjective de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{Z}\) .

Remarque

Comme en témoigne l’exemple précédent, il est essentiel de ne pas oublier de mentionner l’ensemble de départ et l’ensemble d’arrivée pour indiquer qu’une application est surjective : changer l’ensemble d’arrivée, notamment, peut changer le caractère surjectif.

Bijectivité

Définition

Si \(f\) est une application de \(E\) dans \(F\) , on dit que \(f\) est bijective de \(E\) sur \(F\) si tout élément de \(F\) admet exactement un antécédent par \(f\) , c’est-à-dire si : \[\forall y\in F,\ \exists!\,x\in E \ / \ y=f(x)\] Dans ce cas, on dit aussi que \(f\) est une bijection de \(E\) dans \(F\) .

Remarque

Une application est donc bijective de \(E\) sur \(F\) si elle est à la fois injective et surjective de \(E\) sur \(F\) .

Définition

Si \(f\) est une application bijective de \(E\) dans \(F\) , on appelle réciproque de \(f\) l’application de \(F\) dans \(E\) , notée \(f^{-1}\) définie par : \[\forall y\in F,\ \forall x\in E,\ f^{-1}(y)=x \Longleftrightarrow y=f(x).\]

Exemple

\(x\mapsto x^2\) est une application bijective de \(\mathbb{R}^+\) sur \(\mathbb{R}^+\) , et sa réciproque est l’application \(x\mapsto \sqrt{x}\) .

Exercice

Démontrer que l’application \(f:x\mapsto x-x^2\) est bijective de \(\mathbb{R}^-\) sur \(\mathbb{R}^-\) et préciser sa réciproque.

Solution

Soit \(y=\mathbb{R}^-\) . On peut remarquer que, pour \(x\in\mathbb{R}^-\) , on a : \[f(x)=y \Longleftrightarrow x^2-x+y=0\]

Or on sait que l’équation \(x^2-x+y=0\) est une équation du second degré dont le discriminant est \(\Delta=1-4y\) . Comme \(y\) est négatif ou nul, \(\Delta\) est strictement positif et l’équation \(x^2-x+y=0\) admet deux solutions réelles, qui sont : \[x_1=\frac{1-\sqrt{1-4y}}{2} \quad\text{et}\quad x_2=\frac{1+\sqrt{1-4y}}{2}\]

De plus, on a, comme \(y\) est négatif ou nul : \[1-4y\geqslant 1\]

et comme la fonction \(t\mapsto t^2\) est croissante sur \(\mathbb{R}^+\) : \[\sqrt{1-4y} \geqslant 1\]

d’où : \[x_1 \leqslant 0 \quad\text{et}\quad x_2>0\]

ce qui prouve finalement que l’équation \(f(x)=y\) admet une unique solution \(x\) appartenant à \(\mathbb{R}^-\) , qui est \(\dfrac{1-\sqrt{1-4y}}{2}\) , ce qui nous permet de conclure :

\( f \) est bijective de \( \mathbb{R}_- \) sur \( \mathbb{R}_- \) et on a : \[ \forall y \in \mathbb{R}_-,\ f^{-1}(y) = \frac{1-\sqrt{1-4y}}{2} \]

Remarques
  • En pratique, prouver qu’une application \(f\) est bijective de \(E\) dans \(F\) , on cherche à résoudre, pour tout \(y\in F\) fixé, l’équation \(y=f(x)\) , d’inconnue \(x\) . La bijectivité sera démontrée lorsque, pour tout \(y\in F\) , on aura prouvé l’existence et l’unicité de la solution \(x\) et cette solution sera alors \(f^{-1}(y)\) .

  • On déduit de ces définitions la proposition suivante :

Proposition

Si \(f\) est une application bijective de \(E\) dans \(F\) , alors \(f\circ f^{-1}\) est l’application identité sur \(F\) et \(f^{-1} \circ f\) est l’application identité sur \(E\) .

Théorème

Si \(f\) est une application de \(E\) dans \(F\) , \(f\) est bijective si et seulement s’il existe une application \(g\) de \(F\) dans \(E\) telle que : \(f\circ g=\operatorname{Id}_F\) et \(g\circ f=\operatorname{Id}_E\) .

Si une telle application \(g\) existe, on a alors : \(f^{-1}=g\) .

Exercice

On a vu que, si \(f\) est une application bijective de \(E\) sur \(F\) , alors \(g=f^{-1}\) est une application de \(F\) dans \(E\) telle que : \(f\circ g=\operatorname{Id}_F\) et \(g\circ f=\operatorname{Id}_E\) . On se propose maintenant de démontrer la réciproque. On suppose donc qu’il existe une application \(g\) de \(F\) dans \(E\) telle que : \(f\circ g=\operatorname{Id}_F\) et \(g\circ f=\operatorname{Id}_E\) .

  1. En utilisant l’égalité \(f\circ g= \operatorname{Id}_F\) , démontrer que \(f\) est surjective de \(E\) sur \(F\) .

  2. En utilisant l’égalité \(g\circ f= \operatorname{Id}_E\) , démontrer que \(f\) est injective sur \(E\) .

  3. Montrer alors que \(f\) est bijective de \(E\) sur \(F\) et que sa réciproque est \(g\) .

Solution
  • Comme \(f\circ g= \operatorname{Id}_F\) , on a : \[\begin{aligned} \label{surj} \forall y\in F,\ y &=(f\circ g)(y) \nonumber\\ &= f(g(y)) \end{aligned}\] donc, comme \(g(y)\) appartient à \(E\) pour tout \(y\in F\) : \[\forall y\in F,\ \exists\, x\in E \ / \ f(x)=y\] d’où : pt

  • Soit \((x,x’)\in E^2\) . On a : \[\begin{aligned} f(x)=f(x’) &\Longrightarrow (g\circ f)(x)=(g\circ f)(x’)\\ &\Longrightarrow x=x’, \end{aligned}\] et donc, comme \(g\circ f=\operatorname{Id}_E\) : \[f(x)=f(x’) \Longrightarrow x=x’\] donc :

    \( f \) est aussi injective sur \( E \)

  • On a donc prouvé que \(f\) est surjective et injective (donc bijective) de \(E\) sur \(F\) et l’on peut conclure, comme \( g = g \circ f \circ f^{-1} = f^{-1} \) :

    \( f \) est bijective de \( E \) sur \( F \) et \( g = f^{-1} \)

Remarque

Les deux résultats suivants sont des conséquences immédiates de cette proposition.

Théorème

Si \(f\) est une bijection de \(E\) dans \(F\) , alors \(f^{-1}\) est une bijection de \(F\) dans \(E\) et : \[(f^{-1})^{-1}=f\]

Théorème

Si \(f\) est une bijection de \(E\) dans \(F\) et si \(g\) est une bijection de \(F\) dans \(G\) , alors \(g\circ f\) est une bijection de \(E\) dans \(G\) et : \((g\circ f)^{-1}=f^{-1} \circ g^{-1}\) .