Calcul différentiel

Fonctions réelles d’une variable
réelle : calcul différentiel

Calcul différentiel

Dans toute cette partie et sauf mention contraire, \(I\) est un intervalle de \(\mathbb{R}\) non réduit à un point et \(a\) un élément de \(I\). Toutes les fonctions envisagées sont supposées définies sur un voisinage de \(a\).

Fonctions dérivables en un point, sur un intervalle

Définition

Soit \(f\) une fonction définie sur \(I\).

  • Si \(a\in \stackrel{\circ}{I}\), on dit que \(f\) est dérivable en \(a\) si la fonction \(x\mapsto \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\) admet une limite finie en \(a\) ; dans ce cas, cette limite est notée \(f'(a)\) et appelée nombre dérivé de \(f\) en \(a\) : \[f'(a)=\lim_{x\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\]

  • On dit que \(f\) est dérivable à droite en \(a\) si la fonction \(x\mapsto \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\) admet une limite finie à droite en \(a\) ; dans ce cas, cette limite est notée \(f_d'(a)\) et appelée nombre dérivé à droite de \(f\) en \(a\) : \[f_d'(a)=\lim_{x\underset >\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\]

  • On dit que \(f\) est dérivable à gauche en \(a\) si la fonction \(x\mapsto \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\) admet une limite finie à gauche en \(a\) ; dans ce cas, cette limite est notée \(f_g'(a)\) et appelée nombre dérivé à gauche de \(f\) en \(a\) : \[f_g'(a)=\lim_{x\underset <\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\]

  • On dit que \(f\) est dérivable sur \(I\) si \(f\) est dérivable en tout point \(a\) de \(I\) (à droite uniquement si \(a\) est la borne inférieure de \(I\), à gauche uniquement si \(a\) est la borne supérieure de \(I\)) ; dans ce cas, la fonction \(x\mapsto f'(x)\) est appelée fonction dérivée de \(f\).

Exercice
  1. Soit \((a,b)\in\mathbb{R}^2\). Étudier la dérivabilité sur \(\mathbb{R}\) de la fonction \(f: x\mapsto ax+b\).

  2. Étudier la dérivabilité sur \(\mathbb{R}\) de la fonction \(g: x\mapsto \left| x \right|\).

  3. Étudier la dérivabilité en \(0\) de la fonction \(h\) définie sur \(\mathbb{R}\) par : \[\forall x\in\mathbb{R},\ h(x)= \begin{cases} x^2\sin\!\left(\dfrac{1}{x} \right) &\text{si } x\neq 0 \\ \hfill 0 \hfill &\text{si } x=0 \rule[0pt]{0pt}{20pt}\end{cases}\]

Solution
  1. Soit \(x_0\in\mathbb{R}\). On a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}\setminus \{x_0\},\ \frac{f(x)-f(x_0)}{x-x_0} &= \frac{(ax+b)-(ax_0+b)}{x-x_0}\\ &= a \end{aligned}\] et donc : \[\lim_{x\to x_0} \frac{f(x)-f(x_0)}{x-x_0} =a\]

    ce qui nous permet de conclure : \[\boxed{f: x\mapsto ax+b \text{ est dérivable sur \( \mathbb{R} \) et : \( \forall x \in \mathbb{R},\ f'(x) = a \)}}\]

  2. Soit \(x_0\in\mathbb{R}\). On distingue les cas selon le signe de \(x_0\).

    • Si \(x_0\in\mathbb{R}_+^\ast\), alors : \[\begin{aligned} \forall x\in \left]0,2x_0\right[,\ \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} &=\frac{x-x_0}{x-x_0}\\ &=1 \end{aligned}\] et donc : \[\lim_{x\to x_0} \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} =1\] ce qui prouve que la fonction \(x\mapsto \left| x \right|\) est dérivable en tout point de \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    • Si \(x_0\in\mathbb{R}_-^\ast\), alors : \[\begin{aligned} \forall x\in \left]2x_0,0\right[,\ \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} &=\frac{(-x)-(-x_0)}{x-x_0}\\ &=-1 \end{aligned}\] et donc : \[\lim_{x\to x_0} \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} =-1\] ce qui prouve que la fonction \(x\mapsto \left| x \right|\) est dérivable en tout point de \(\mathbb{R}_-^\ast\).

    • Si \(x_0=0\), alors : \[\begin{aligned} \forall x\in \mathbb{R}^\ast,\ \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} &=\begin{cases} \dfrac{x-x_0}{x-x_0} &\text{si } x>0\\ \dfrac{(-x)-(-x_0)}{x-x_0} &\text{si } x<0 \rule[0pt]{0pt}{20pt}\end{cases}\\ &= \begin{cases} 1 &\text{si } x>0\\ -1 &\text{si } x<0 \end{cases} \end{aligned}\] d’où : \[\lim_{x\to x_0^+} \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} =1 \quad\text{et}\quad\lim_{x\to x_0^-} \frac{\left| x \right|-\left| x_0 \right|}{x-x_0} =-1\] donc la fonction \(x\mapsto \left| x \right|\) est dérivable à gauche et à droite en \(0\) mais, les nombres dérivées à gauche et à droite étant différents, elle n’est pas dérivable en \(0\).

    On peut donc conclure :

    \[\boxed{ x\mapsto \left\vert x \right\vert\text{ est dérivable sur \( \mathbb{R}_+^* \) et \( \mathbb{R}_-^* \), mais pas en \( 0 \)}}\]

  3. On a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}^\ast,\ \frac{h(x)-h(0)}{x-0} &=\frac{x^2\sin\!\left(\frac{1}{x}\right) – 0}{x-0}\\ &= x\sin\!\left(\frac{1}{x}\right) \end{aligned}\]

    d’où : \[\forall x\in\mathbb{R}^\ast,\ \left| \frac{h(x)-h(0)}{x-0} \right| \leqslant \left| x \right|\]

    De plus, on a : \[\lim_{x\to 0} \left| x \right|=0\] donc, d’après le théorème de l’encadrement : \[\lim_{x\to 0}\frac{h(x)-h(0)}{x-0}=0\] ce qui nous permet de conclure : \[ \boxed{h \text{ est dérivable en } 0 \text{ et } h'(0) = 0} \]

Remarque
  • On remarque que, si \(a\) n’est pas une borne de \(I\), \(f\) est dérivable en \(a\) si et seulement si \(f\) est dérivable à gauche et à droite et si : \(f_d'(a)=f_g'(a)\).

  • Si \(f'\) est définie et dérivable sur \(I\), sa dérivée est notée \(f''\) ou \(f^{(2)}\) et appelée dérivée seconde de \(f\).

  • Si \(f''\) est dérivable sur \(I\), sa dérivée est notée \(f^{(3)}\).

  • Graphiquement, on rappelle que, si \(x\in I\setminus \{a\}\), \(\dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\) est le coefficient directeur de la droite \((AM)\) passant par les points \(A(a,f(a))\) et \(M(x,f(x))\).

    On peut voir sur le graphique ci-dessous que, quand \(x\) tend vers \(a\), le point \(M\) se rapproche de \(A\) et que la droite \((AM)\) se rapproche d’une droite \(T\) qui passe par \(A\) et qui, au voisinage de \(A\), est très proche de la courbe. Le coefficient directeur de cette droite \(T\) est la limite du coefficient directeur de la droite \((AM)\) quand \(x\) tend vers \(a\) si \(f\) est dérivable en \(a\) et \(T\) a pour équation \(y=f'(a)\left(x-a\right)+f(a)\).

  • Tangente
  • Cette remarque nous conduit à la définition suivante :

Définition

On munit le plan d’un repère \((O,\vec{i},\vec{j})\).

  • Si \(f\) est dérivable en \(a\), la droite d’équation \(y=f'(a)\left(x-a\right)+f(a)\) est appelé tangente à la courbe représentative de \(f\) au point d’abscisse \(a\).

  • Si \(a\in \stackrel{\circ}{I}\) et \(\displaystyle\lim_{x\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}=\ell \in\{{-\infty},{+\infty}\}\), on dit qure la droite d’équation \(x=f(a)\) est une tangente verticale à la courbe représentative de \(f\) au point d’abscisse \(a\).

  • Si \(\displaystyle\lim_{x\underset <\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}=\ell \in\{{-\infty},{+\infty}\}\) ou \(\displaystyle\lim_{x\underset >\to a} \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}=\ell \in\{{-\infty},{+\infty}\}\), on dit qure la droite d’équation \(x=f(a)\) est une demi-tangente verticale (à gauche ou à droite) à la courbe représentative de \(f\) au point d’abscisse \(a\).

Remarques

Si \(f\) est dérivable en \(a\) et si \(T_a\) est la tangente à la courbe représentative de \(f\) dans un repère, alors :

  • on dit que \(T_a\) est une tangente horizontale si \(f'(a)=0\),

  • on dit que \(T_a\) est une tangente oblique si \(f'(a) \neq 0\),

  • si \(x\mapsto \dfrac{f(x)-f(a)}{x-a}\) a une limite à gauche et à droite en \(a\) et si celles-ci ne sont pas égales, on dit que la courbe représentative de \(f\) n’afmet pas de tangente au point d’abscisse \(a\) : ce point est appelé point anguleux.

Tangente oblique

Proposition

Si \(f\) est une fonction dérivable en \(a\in I\), alors \(f\) est continue en \(a\).

Preuve

Soit \(a\) un élément de \(I\). On suppose que \(f\) est dérivable en \(a\) et on pose : \[\forall x\in I \setminus \{a\},\ g(x)= \frac{f(x)-f(a)}{x-a} \quad\text{et}\quad g(a) = f'(a)\] Comme \(f\) est dérivable en \(a\), on a : \[\lim_{x\to a} g(x)=g(a)\] De plus, on peut remarquer que : \[\forall x\in I \setminus \{a\},\ f(x)=f(a)+\left( x-a \right) g(x)\] et donc, comme \(x\mapsto x-a\) et \(g\) sont continues en \(a\) : \[\lim_{x\to a} f(x)=f(a)\] ce qui prouve bien que \(f\) est continue en \(a\).

Remarque

Attention, la réciproque est fausse. Par exemple, on a vu dans le premier exercice que la fonction \(x\mapsto \left| x \right|\) n’est pas dérivable en \(a\), alors qu’elle est continue en \(0\).

Théorème – Opérations sur les fonctions dérivables

Soit \(f\) et \(g\) des fonctions dérivables sur \(I\) et \(h\) une fonction dérivable sur un intervalle \(J\).

  • Pour tout réel \(\lambda\), \(\lambda f\) est dérivable sur \(I\) et : \[\left(\lambda f\right)'=\lambda f'\]

  • \(f+g\) est dérivable sur \(I\) et : \[(f+g)'=f'+g'\]

  • \(f\times g\) est dérivable sur \(I\) et : \[(f\times g)'=f'\times g+f\times g'\]

  • Si \(g\) ne s’annule pas sur \(I\), alors \(\dfrac{1}{g}:x\mapsto \dfrac{1}{g(x)}\) est dérivable sur \(I\) et : \[\left(\frac{1}{g}\right)'=-\dfrac{g'}{g^2}\]

  • Si \(g\) ne s’annule pas sur \(I\), alors \(\dfrac{f}{g}:x\mapsto \dfrac{f(x)}{g(x)}\) est dérivable sur \(I\) et : \[\left(\frac{f}{g}\right)'=\dfrac{f'\times g – f\times g'}{g^2}\]

  • Si \(f\) est dérivable sur \(I\) et prend ses valeurs dans \(J\) et si \(h\) est dérivable sur \(J\), alors \(h\circ f\) est dérivable sur \(I\) et : \[(h \circ f)'= f' \times h'\circ f\]

Preuve
  • Soit \(\lambda \in\mathbb{R}\) et \(a\in I\). On a : \[\forall x\in I \setminus \{ a\},\ \frac{(\lambda f)(x) – (\lambda f) (a)}{x-a}= \lambda\times \frac{f(x)-f(a)}{x-a}\] et donc, comme \(f\) est dérivable en \(a\) : \[\lim_{x\to a} \frac{(\lambda f)(x) – (\lambda f) (a)}{x-a} = \lambda \; \lim_{x\to a} \frac{f(x)-f(a)}{x-a} = \lambda f'(a)\] donc \((\lambda f)\) est dérivable en \(a\) et : \((\lambda f)'(a)=\lambda f'(a)\).

  • Soit \(a\in I\). On a : \[\begin{aligned} \forall x\in I \setminus \{ a\},\ \frac{(f+g)(x)-(f+g)(a)}{x-a} &= \frac{f(x)-f(a)}{x-a} + \frac{g(x)-g(a)}{x-a} \end{aligned}\] et donc, comme \(f\) et \(g\) sont dérivables en \(a\) : \[\begin{aligned} \lim_{x\to a} \frac{(f+g)(x)-(f+g)(a)}{x-a} &= \lim_{x\to a} \frac{f(x)-f(a)}{x-a} + \lim_{x\to a} \frac{g(x)-g(a)}{x-a}\\ &= f'(a) +g'(a) \end{aligned}\] ce qui prouve que \(f+g\) est dérivable en \(a\) et que : \((f+g)'(a) = f'(a)+g'(a)\).

  • Soit \(a\in I\). On a : \[\begin{aligned} \forall x\in I \setminus \{ a\},\ \frac{(fg)(x)-(fg)(a)}{x-a} &= \frac{f(x)g(x)-f(a)g(a)}{x-a}\\ &=\frac{\left[f(x)-f(a)+f(a)\right]g(x)-f(a)g(a)}{x-a}\\ &= \frac{\left[f(x)-f(a)\right]g(x)+f(a)\left[g(x)-g(a)\right]}{x-a}\\ &= \frac{f(x)-f(a)}{x-a}\times g(x) +f(a) \times \frac{g(x)-g(a)}{x-a} \end{aligned}\] Comme \(f\) et \(g\) sont dérivables en \(a\), \(g\) est continue en \(a\), donc : \[\begin{aligned} \lim_{x\to a} \frac{(fg)(x)-(fg)(a)}{x-a} =f'(a)g(a)+f(a)g'(a) \end{aligned}\] ce qui prouve que \(fg\) est dérivable en \(a\) et que : \((fg)'=f'(a)g(a)+f(a)g'(a)\).

  • Soit \(a\in I\). Comme \(g(a)\neq 0\) et comme \(g\) est continue en \(a\) (car elle est dérivable), il existe un voisinage \(V_a\) de \(a\) sur lequel \(g\) ne s’annule pas et on a alors : \[\begin{aligned} \forall x\in V_a \setminus \{a\},\ \dfrac{\frac{1}{g(x)} – \frac{1}{g(a)}}{x-a} &= \frac{\frac{g(a)-g(x)}{x-a}}{g(x)g(a)} \\ &= -\frac{\frac{g(x)-g(a)}{x-a}}{g(x)g(a)} \end{aligned}\] et donc, comme \(g\) est continue et dérivable en \(a\) : \[\lim_{x\to a} \dfrac{\frac{1}{g(x)} – \frac{1}{g(a)}}{x-a} = -\frac{g'(a)}{\left[g(a)\right]^2}\] ce qui prouve que \(\dfrac{1}{g}\) est dérivable en \(a\) et que : \(\left(\dfrac{1}{g}\right)'(a)=-\dfrac{g'(a)}{\left[g(a)\right]^2}\).

  • Se déduit directement des deux points précédents en remarquant que : \(\dfrac{f}{g}=f \times \dfrac{1}{g}\).

  • Soit \(a\in I\). On note \(b=f(a)\) et : \[\forall y\in J,\ \setminus \{b\},\ \varepsilon(y)=\frac{h(y)-h(b)}{y-b}+h'(b) \quad\text{et}\quad\varepsilon(b)=h'(b)\] de sorte que l’on a : \begin{align*} \tag{1} \forall y\in J,\ h(y)=h(b)+h'(b)\left(y-b\right) +\left( y-b \right) \varepsilon(y) \end{align*} et en particulier, en prenant \(y=f(x)\) : \[\forall x\in I,\ (h \circ f)(x)=(h\circ f)(a) +(h' \circ f)(a)\left[f(x)-f(a)\right] +\left[ f(x) -f(a) \right] (\varepsilon \circ f)(x)\] et donc : \[\begin{aligned} \forall x\in I\setminus\{a\},\ \frac{(h\circ f)(x) – (h\circ f)(a)}{x-a} &=\frac{f(x)-f(a)}{x-a} \left[(h' \circ f)(a) + (\varepsilon \circ f)(x)\right] \end{aligned}\] Or, comme \(h\) est dérivable en \(b\), \(\varepsilon\) est continue en \(b\). De plus, comme \(f\) est dérivable en \(a\), elle est aussi continue en \(a\), donc : \[\lim_{x\to a} (\varepsilon \circ f)(x)=0\] et donc : \[\lim_{x\to a}\frac{(h\circ f)(x) – (h\circ f)(a)}{x-a} = f'(a) \,(h'\circ f)(a)\] ce qui prouve que \(h\circ f\) est dérivable en \(a\) et que : \((h\circ f)'(a)=f'(a) \,(h'\circ f)(a)\).

Remarques
  • Si l’égalité (1) utilisée pour démontrer le dernier point peut sembler tombée du ciel pour le béotien, il est intéressant de noter qu’il s’agit d’une méthode classique pour déterminer des limites lorsqu’il y a une indétermination : cette égalité est appelée développement limité à l’ordre \(1\).

  • Tous ces résultats sont encore valable pour des fonctions dérivables uniquement en un point \(a\) de \(I\) (c’est d’ailleurs ce qui est prouvé ci-après) mais sont présentés ainsi pour simplifier la lisibilité.

  • Les points i et ii permettent de dire, en remarquant que la fonction constante nulle est dérivable sur \(I\), que l’ensemble \(\mathscr D^1(I,\mathbb{R})\) des fonctions dérivables sur \(I\) et à valeurs dans \(\mathbb{R}\) est un \(\mathbb{R}\)-espace vectoriel et que l’application \(f\mapsto f'\) est une application linéaire sur \(\mathscr D^1(I,\mathbb{R})\).

  • Attention à éviter des phrases toutes faites du type \(h\circ f\) est dérivable sur \(I\) comme composée de fonctions qui le sont : en effet, la fonction \(h\) n’est pas nécessairement dérivable sur \(I\).

Proposition

Les fonctions polynômes, rationnelles et trigonométriques (\(\cos\), \(\sin\) et \(\tan\)) sont dérivables sur leurs domaines de définition respectifs.

La fonction \(t\mapsto \sqrt{t}\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

Exercice

On se propose de démontrer la proposition.

    • Soit \(a\in\mathbb{R}\) et \(n\in\mathbb{N}^\ast\). En factorisant la fonction polynôme \(x\mapsto x^n -a^n\), démontrer que la fonction \(x\mapsto x^n\) est dérivable en \(a\).

    • En déduire que les fonctions polynômes et rationnelles sont dérivables sur leurs domaines de définition respectifs.

  1. En utilisant les formules de trigonométries usuelles, démontrer que les fonctions trigonométriques sont dérivables sur leurs domaines de définition respectifs.

  2. Démontrer que la fonction \(t\mapsto \sqrt{t}\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) mais pas en \(0\).

Solution
    • On a : \[\forall x\in\mathbb{R},\ x^n-a^n=(x-a)\,\sum_{k=0}^{n-1} x^ka^{n-1-k}\] d’où : \[\forall x\in\mathbb{R}^\ast,\ \frac{x^n-a^n}{x-a}= \sum_{k=0}^{n-1} x^ka^{n-1-k}\] et donc, la fonction polynôme \(\displaystyle x\mapsto \sum_{k=0}^{n-1} x^ka^{n-1-k}\) étant continue en \(a\) : \[\lim_{x\to a}\frac{x^n-a^n}{x-a}=na^{n-1}\] ce qui prouve que la fonction \( f:x\mapsto x^n \) est dérivable en \( a \) et : \( f'(a)=na^{n-1}\)

      • Soit \(P\) une fonction polynôme. Il existe donc un entier naturel \(m\) et des réels \(a_0,a_1,\dots,a_m\) tels que : \[\forall x\in\mathbb{R},\ P(x)=\sum_{n=0}^m a_kx^k\] donc la question précédente, \(P\) est la somme de fonctions de fonctions dérivables sur \(\mathbb{R}\) et ainsi les fonctions polynômes sont dérivables sur \( \mathbb{R}\)

      • Soit \(R\) une fonction rationnelle. Il existe deux fonctions polynômes \(P\) et \(Q\) telles que, en notant \(E\) l’ensemble des racines de \(Q\), le domaine de définition de \(R\) soit \(D_R=\mathbb{R}\setminus E\) et : \[\forall x\in D_R,\ R(x)=\frac{P(x)}{Q(x)}\] Comme \(P\) et \(Q\) sont deux fonctions dérivables sur \(\mathbb{R}\) d’après le résultat précédent, \(R\) est donc dérivable en tout point \(x_0\) tel que \(Q(x_0)\neq 0\), donc en tout point de \(F\), ce qui nous permet de conclure que toute fonction rationnelle est dérivable sur son domaine de définition.

    • Soit \(x_0\in\mathbb{R}\). D’après les formules de trigonométrie usuelles, on a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}\setminus \{x_0\},\ \frac{\sin(x)-\sin(x_0)}{x-x_0} &= \frac{2\cos\!\left(\frac{x+x_0}{2}\right)\sin\!\left(\frac{x-x_0}{2}\right)}{x-x_0} \end{aligned}\]

      De plus, on sait que : \[\lim_{x\to x_0} \frac{x-x_0}{2}=0 \quad\text{et}\quad\sin(u) \;\underset{u\to 0}{\sim}\; u\] donc : \[\sin\!\left(\frac{x-x_0}{2}\right) \;\underset{x\to x_0}{\sim}\; \frac{x-x_0}{2}\] et donc : \[\lim_{x\to x_0} \frac{2\sin\!\left(\frac{x-x_0}{2}\right)}{x-x_0}=1\]

      Par ailleurs, on a: \[\lim_{x\to x_0} \frac{x+x_0}{2} =x_0\] et donc, la fonction \(\cos\) étant continue en \(x_0\) : \[\lim_{x\to x_0} \cos\!\left(\frac{x+x_0}{2}\right)=\cos(x_0)\] d’où : \[\lim_{x\to x_0} \frac{\sin(x)-\sin(x_0)}{x-x_0} =\cos(x_0),\] ce qui nous permet de conclure que la fonction \( \sin \) est dérivable sur \( \mathbb{R} \) et : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \sin'(x)=\cos(x) \]

    • D’après les formules de trigonométrie usuelles, on a : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \cos(x)=\sin\!\left(\frac{\pi}{2}-x\right)\]

      De plus, la fonction \(x\mapsto \dfrac{\pi}{2}-x\) est dérivable sur \(\mathbb{R}\), à valeurs dans \(\mathbb{R}\), et la fonction \(\sin\) est dérivable sur \(\mathbb{R}\) d’après le résultat précédent donc, par composition, la fonction \(\cos\) est dérivable sur \(\mathbb{R}\) et : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \cos'(x) =-\cos \!\left(\frac{\pi}{2}-x\right)\] et finalement, d’après les formules de trigonométrie usuelles, la fonction \( \cos \) est dérivable sur \( \mathbb{R} \) et : \[ \forall x\in\mathbb{R},\ \cos'(x)=-\sin(x)\]

    • La fonction \(\tan : x\mapsto \dfrac{\sin(x)}{\cos(x)}\) est donc le quotient de deux fonctions dérivables sur \(\mathbb{R}\) donc elle est dérivable sur son domaine de définition et : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}\setminus \left\lbrace \frac{\pi}{2}+k\pi,\, k\in\mathbb{Z}\right\rbrace,\ \tan'(x) &= \frac{\cos^2(x)+\sin^2(x)}{\cos^2(x)}\\ &= 1+\tan^2(x)\\ &=\frac{1}{\cos^2(x)} \end{aligned}\] ce qui nous permet de conclure que la fonction \(\tan\) est dérivable sur \(D=\left\lbrace \dfrac{\pi}{2}+k\pi,\, k\in\mathbb{Z}\right\rbrace\) et :

      \[ \forall x\in D,\ \tan'(x)=1+\tan^2(x)=\dfrac{1}{\cos^2(x)} \]

  1. Soit \(t_0\in\mathbb{R}^+\). On a : \[\begin{aligned} \forall t\in\mathbb{R}^+ \ / \ t\neq t_0,\ \frac{\sqrt{t}-\sqrt{t_0}}{t-t_0} &=\frac{\sqrt{t}-\sqrt{t_0}}{\left(\sqrt{t}-\sqrt{t_0}\right)\left(\sqrt{t}+\sqrt{t_0}\right)}\\ &= \frac{1}{\sqrt{t}+\sqrt{t_0}} \end{aligned}\]

    De plus, comme la fonction \(t\mapsto \sqrt{t}\) est continue en \(t_0\), on a : \[\lim_{t\to t_0} \left(\sqrt{t}+\sqrt{t_0}\right) = 2\sqrt{t_0}\] et donc : \[\lim_{t\to t_0} \frac{\sqrt{t}-\sqrt{t_0}}{t-t_0} = \begin{cases} \dfrac{1}{2\sqrt{t_0}} &\text{si } t_0 \neq 0\\ \hfill {+\infty}\hfill &\text{si } t_0=0 \rule[0pt]{0pt}{20pt}\end{cases}\]

    ce qui nous permet de conclure que la fonction \(u:t\mapsto \sqrt{t}\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) mais pas en \(0\) et :

    \[ \forall x\in \mathbb{R}_+^\ast,\ u'(t)=\dfrac{1}{2\sqrt{t}} \]

  • En utilisant la preuve précédente et les opérations sur les fonctions dérivables, on a en particulier démontré les résultats suivants :

  • Proposition

    Dans le tableau suivant, \(f\) est une fonction dérivable en tout point d’une \(D\) de \(\mathbb{R}\), \(f'\) désigne la dérivée de \(f\) sur \(D\), \(n\) est un entier relatif et \(c\) une constante réelle. \[ \begin{array}{|c|c|c|} \hline f &f’& D \\ \hline x\mapsto c & \quad x\mapsto 0 \quad & \mathbb{R} \\ \hline x\mapsto x^n \ (n\in\mathbb{N}^*) & \quad x\mapsto n x^{n-1} \quad & \mathbb{R} \\ \hline x\mapsto \dfrac{1}{x} & x\mapsto -\dfrac{1}{x^2} & \mathbb{R}^* \\ \hline x\mapsto x^n \ (n\in\mathbb{Z}) & x\mapsto n x^{n-1} & \quad \mathbb{R}^* \quad \\ \hline x\mapsto \sqrt{x} & x\mapsto \dfrac{1}{2\sqrt{x}} & \mathbb{R}_+^* \\ \hline x\mapsto x^\alpha \ (\alpha \in\mathbb{R}) & x\mapsto \alpha x^{\alpha-1} & \mathbb{R}_+^* \\ \hline x\mapsto \ln(x) & x\mapsto \dfrac{1}{x} & \mathbb{R}_+^* \\ \hline x\mapsto \mathrm{e}^x & x\mapsto \mathrm{e}^x & \mathbb{R} \\ \hline \cos & -\sin & \mathbb{R} \\ \hline \sin & \cos & \mathbb{R} \\ \hline \tan & x\mapsto 1+\tan^2(x) & \mathbb{R}\setminus \left\lbrace \dfrac{\pi}{2}+ k\pi,\, k\in\mathbb{Z}\right\rbrace \\ \hline \end{array} \]

    Extremums d’une fonction dérivable

    Dans cette partie, \(a\) et \(b\) sont deux réels tels que : \(a<b\).

    Théorème – Condition nécessaire d’extremum sur un intervalle ouvert

    Si \(f\) est une fonction définie et dérivable sur \(]a,b[\) et si \(f\) admet un extremum local en \(c\in\left]a,b\right[\), alors : \(f'(c)=0\).

    Exercice

    En considérant le signe de \(f'(c)\), démontrer le théorème.

    Solution

    Soit \(f\) une fonction définie et dérivable sur \(]a,b[\), admettant un extremum local en \(c\) appartenant à \(]a,b[\). Il existe donc un réel \(\varepsilon>0\) tel que l’intervalle \(\left]c-\varepsilon,c+\varepsilon\right[\) soit inclus dans \(]a,b[\) tel tel que \(f(c)\) soit un extremum global de \(f\) sur cet intervalle. On pose alors : \[a'=c-\varepsilon \quad\text{et}\quad b'=c+\varepsilon\]

    et on suppose que \(f(c)\) est le maximum de \(f\) sur \(]a',b'[\) (le cas d’un minimum se traite de manière analogue. On a alors : \[\forall x\in\left]a',b'\right[,\ f(x) \leqslant f(c)\]

    et donc : \[\forall x\in\left]a',c\right[,\ \frac{f(x)-f(c)}{x-c} \geqslant 0 \quad\text{et}\quad\forall x\in\left]c,b'\right[,\ \frac{f(x)-f(c)}{x-c} \leqslant 0\]

    et donc, en faisant tendre \(x\) vers \(c\) à gauche et à droite, et comme \(f\) est dérivable en \(c\) : \[f'(c) \geqslant 0 \quad\text{et}\quad f'(c) \leqslant 0\]

    ce qui prouve que : \(f'(c)=0\).

    Remarques
    • Ainsi, si une fonction dérivable sur un intervalle \(I\) admet un extremum local en un point \(a\) intérieur à \(I\) (donc pas aux bornes de \(I\)), alors la courbe représentative de \(f\) admet une tangente horizontale en \(a\). Par exemple, le graphe ci-dessous représente une fonction \(f\) dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et admettant un minimum local en \(x_1\), un maximum local en \(x_2\) et un minimum local en \(x_3\).

    • Tangente au point d'extremum
    • Attention, la réciproque est fausse. Par exemple, la fonction \(x\mapsto x^3\) est dérivable sur \(\mathbb{R}\), sa dérivée s’annule en \(0\), mais elle n’admet pas d’extremum local en \(0\) puisque la fonction \(x\mapsto x^3\) change de signe sur tout intervalle du type \(\left]-\alpha,\alpha\right[\).

    • Attention également au fait que ce résultat n’est valable que sur un intervalle ouvert. Par exemple, la fonction \(x\mapsto x\) admet un maximum sur \([0,1]\) (qui est \(1\)), mais sa dérivée ne s’annule pas sur \([0,1]\).

    Théorème de Rolle

    Dans cette partie, \(a\) et \(b\) sont deux réels tels que : \(a<b\).

    Théorème de Rolle

    Si \(f\) est une fonction continue sur \([a,b]\), dérivable sur \(]a,b[\) et telle que \(f(a)=f(b)\), alors il existe \(c\in\left]a,b\right[\) tel que : \(f'(c)=0\).

    Preuve

    Comme \(f\) est continue sur le segment \([a,b]\), elle admet un maximum \(M\) et un minimum \(m\) d’après le théorème des bornes atteintes, respectivement atteints en deux éléments \(c_1\) et \(c_2\) de \([a,b]\). Comme \(f(a)=f(b)\), deux cas se présentent alors :

    • si \(m=M\), alors \(f\) est constante sur \([a,b]\), donc sa dérivée est constante nulle,

    • si \(m\neq M\), alors l’un au moins des réels \(c_1\) et \(c_2\) (que l’on note alors \(c\)) appartient à \(]a,b[\) et alors, comme \(f\) est dérivable sur \(]a,b[\) et d’après la condition nécessaire d’extremum sur un intervalle ouvert, \(f'(c)=0\).

    Remarques

    Il n’y a pas nécessairement unicité de ce réel \(c\).

    Accroissements finis

    Dans cette partie, \(a\) et \(b\) sont deux réels tels que : \(a<b\).

    Théorème des accroissements finis

    Si \(f\) est une fonction continue sur \([a,b]\) et dérivable sur \(]a,b[\), alors il existe un réel \(c\in\left]a,b\right[\) tel que : \[f'(c)=\frac{f(b)-f(a)}{b-a}\]

    Preuve

    On suppose que \(f\) est une fonction continue sur \([a,b]\) et dérivable sur \(]a,b[\) et on considère la fonction \(g\) définie par : \[\forall x\in [a,b],\ g(x)=f(x)-\frac{f(b)-f(a)}{b-a}\left(x-a\right)\] Comme les fonctions \(f\) et \(x\mapsto x-a\) sont continues sur \([a,b]\) et dérivables sur \(]a,b[\), \(g\) est dérivable sur \(]a,b[\) et on a : \[\forall x\in \left]a,b\right[,\ g'(x)=f'(x)-\frac{f(b)-f(a)}{b-a}\] De plus, on a : \[g(a)=g(b)=f(a)\] On peut donc affirmer, d’après le théorème de Rolle, qu’il existe un réel \(c\) tel que \(g'(c)=0\), donc tel que : \[f'(c)=\frac{f(b)-f(a)}{b-a}\] /p>

    Remarque
    • Rappelons que, en notant \(A\) et \(B\) les points de coordonnées respectives \((a,f(a))\) et \((b,f(b))\), \(\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\) est le coefficient directeur de la droite \((AB)\).

      Le théorème des accroissements finis prouve donc que, si \(f\) est continue sur \([a,b]\) et dérivable sur \(]a,b[\), il existe une tangente à la courbe représentative de \(f\) en un point d’abscisse \(c\) comprise entre \(a\) et \(b\) qui est parallèle à la droite \((AB)\).

      Tableau de variations

    • On en déduit de manière immédiate le résultat suivant :

    Théorème – Inégalités des accroissements finis

    Soit \(f\) une fonction continue sur \([a,b]\) et dérivable sur \(]a,b[\).

    • Si : \(\forall x\in\left]a,b\right[,\ m\leqslant f'(x)\), alors : \(m \leqslant \dfrac{f(b)-f(a)}{b-a}\).

    • Si : \(\forall x\in\left]a,b\right[,\ f'(x) \leqslant M\), alors : \(\dfrac{f(b)-f(a)}{b-a} \leqslant M\).

    • Si : \(\forall x\in\left]a,b\right[,\ m\leqslant f'(x) \leqslant M\), alors : \(m \leqslant \dfrac{f(b)-f(a)}{b-a} \leqslant M\).

    • Si : \(\forall x\in\left]a,b\right[,\ \left| f'(x) \right| \leqslant M\), alors : \(\left| \dfrac{f(b)-f(a)}{b-a} \right| \leqslant M\).

    Remarque

    Un des intérêts fondamentaux de ce résultat est qu’il permet de déterminer les variations d’une fonction dérivable à partir du signe de sa dérivée, comme on le résume au paragraphe suivant :

    Sens de variations d’une fonction dérivable

    Théorème

    Soit \(f\) une fonction continue sur \(I\) et dérivable sur \(\stackrel{\circ}{I}\).

    • \(f\) est constante sur \(I\) si et seulement si \(f'\) est constante nulle sur \(\stackrel{\circ}{I}\),

    • \(f\) est croissante sur \(I\) si et seulement si \(f'\) est positive ou nulle sur \(\stackrel{\circ}{I}\),

    • \(f\) est décroissante sur \(I\) si et seulement si \(f'\) est négative ou nulle sur \(\stackrel{\circ}{I}\).

    Exercice

    Démontrer le théorème. On pourra utiliser les inégalités des accroissements finis.

    Solution

    On démontre le troisième point. Les deux autres points se démontrent de manière analogue.

    • On suppose que \(f\) est décroissante sur \(I\). Soit \(x_0\in \stackrel{\circ}{I}\). Comme \(f\) est décroissante sur \(I\), \(f(x)-f(x_0)\) et \(x-x_0\) sont de signes contraires pour tout \(x\) appartenant à \(I\), donc : \[\forall x\in I\ / \ x\neq x_0,\ \frac{f(x) – f(x_0)}{x-x_0} \leqslant 0\] et donc, en faisant tendre \(x\) vers \(x_0\) et comme \(f\) est dérivable en \(x_0\) : \[f'(x_0)\leqslant 0\] donc \(f'\) est négative sur \(\stackrel{\circ}{I}\).

    • On suppose que \(f'\) est négative sur \(\stackrel{\circ}{I}\), c’est-à-dire que : \[\forall x\in \stackrel{\circ}{I},\ f'(x) \leqslant 0\]

      Comme \(f\) est continue sur \(I\) et dérivable sur \(\stackrel{\circ}{I}\), on a alors, d’après les inégalités des accroissements finis : \[\forall (a,b)\in I \ / \ a<b,\ f(b) – f(a) \leqslant 0\times (b-a)\] et donc : \[\forall (a,b)\in I \ / \ a<b,\ f(b)-f(a)\] donc \(f\) est décroissante sur \(I\).

    Finalement, \(f\) est décroissante sur \(I\) si et seulement si \(f'\) est négative ou nulle sur \(\stackrel{\circ}{I}\).

    Remarque

    Attention : pour appliquer ce théorème, il est fondamental que \(I\) soit un intervalle et que \(f\) soit continue sur \(I\).

    Par exemple, la fonction \(x\mapsto \dfrac{1}{x}\) a une dérivée négative ou nulle sur \(\mathbb{R}^\ast\), mais elle n’est pas décroissante sur \(\mathbb{R}^\ast\) puisque, par exemple : \(-2<3\) et \(\dfrac{1}{-2}<\dfrac{1}{3}\).

    En revanche, \(\mathbb{R}_-^\ast\) et \(\mathbb{R}_+^\ast\) étant des intervalles, on peut affirmer que la fonction \(x\mapsto \dfrac{1}{x}\) est décroissante sur chacun de ces intervalles.

    Théorème

    Si \(f\) est une fonction monotone sur \(I\), dérivable sur \(\stackrel{\circ}{I}\), alors \(f\) est strictement monotone sur \(I\) si et seulement si l’ensemble des points en lesquels \(f'\) s’annule est fini ou dénombrable.

    Fonctions de classe

    Définition

    Soit \(f\) une continue définie sur \(I\). On dit que \(f\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \(I\) si \(f\) est continue et dérivable sur \(I\) et si \(f'\) est continue sur \(I\).

    Proposition

    Les fonctions polynômes, rationnelles et trigonométriques (\(\cos\), \(\sin\) et \(\tan\)) sont de classe \(\mathcal{C}^1\) sur leurs domaines de définition respectifs.

    La fonction \(t\mapsto \sqrt{t}\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    Théorème

    Théorème de prolongement de la dérivée Soit \(I\) un intervalle de \(\mathbb{R}\) non réduit à un point et \(a\) un élément de \(I\). On suppose que :

    • \(f\) est continue sur \(I\),

    • \(f\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \(I\setminus\{a\}\),

    • \(f'\) a une limite finie en \(a\).

    Dans ce cas, \(f\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \(I\) et : \(f'(a)=\displaystyle\lim_{x\to a} f'(x)\).

    Exercice

    Démontrer le théorème. On pourra utiliser le théorème des accroissements finis.

    Solution

    Pour simplifier, on suppose que \(I=[a,b]\)\(b\) est un réel tel que \(a<b\) (le raisonnement est analogue si \(I\) est de la forme \([b,a]\) avec \(b<a\) ou si \(a\) est un point intérieur à \(I\)). \(f\) est continue sur \([a,b]\) et dérivable sur \(]a,b]\) donc on a, d’après le théorème des accroissements finis : \[\forall x\in\left]a,b \right],\ \exists\,c(x)\in\left]a,x\right[ \ / \ \frac{f(x)-f(a)}{x-a}=f'(c(x))\]

    On peut ainsi définir une fonction \(c\) en choisissant, pour chaque réel \(x\) appartenant à \(]a,b]\), une valeur de \(c(x)\) satisfaisant l’égalité précédente et alors, d’après le théorème de l’encadrement : \[\lim_{x\to a} c(x)=a\]

    et, comme \(\displaystyle\lim_{x\to a} f'(x)=\ell\) : \[\lim_{x\to a} \frac{f(x)-f(a)}{x-a}=\ell\]

    ce qui, comme \(\ell\) appartient à \(\mathbb{R}\), prouve que \(f\) est dérivable en \(a\) et que : \(f'(a)=\ell\). En particulier, on a aussi : \[\lim_{x\to a} f'(x)=\ell = f'(a)\]

    donc \(f'\) est continue en \(a\). Finalement, comme \(f\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \(]a,b]\), on en conclut que \(f\) est de classe \(\mathcal{C}^1\) sur \([a,b]\).

    Dérivabilité de la réciproque d’une fonction dérivable

    Théorème

    Si \(f\) est une fonction bijective de \(I\) sur \(J\), si \(f\) est dérivable en \(x_0 \in I\) et si \(f'(x_0)\neq 0\), alors sa réciproque \(f^{-1}\) est dérivable en \(y_0=f(x_0)\) et : \[\left(f^{-1}\right)'(y_0)=\frac{1}{f'\circ f^{-1}(y_0)}\]

    Preuve

    On a : \[\forall y\in J\setminus\{y_0\},\ \frac{f^{-1}(y) – f^{-1}(y_0)}{y-y_0} = \frac{f^{-1}(y) – x_0}{f\!\left(f^{-1}(y)\right) – f(x_0)}\] De plus, comme \(f\) est bijective de \(I\) sur \(J\) et comme \(f(x_0)=y_0\), on a : \[\forall y\in J\setminus\{y_0\},\ f^{-1}(y) – x_0 \neq 0\] et donc : \[\forall y\in J\setminus\{y_0\},\ \frac{f^{-1}(y) – f^{-1}(y_0)}{y-y_0} = \frac{1}{\frac{f\!\left(f^{-1}(y)\right) – f(x_0)}{f^{-1}(y) – x_0}}\]

    Par ailleurs, comme \(f\) est dérivable en \(x_0\), elle est continue en \(x_0\), donc \(f^{-1}\) est continue en \(y_0\) et : \[\lim_{y \to y_0} f^{-1}(y) = f^{-1}(y_0)=x_0\] Enfin, comme \(f\) est dérivable e, \(x_0\), on a : \[\lim_{z\to x_0} \frac{f(z)-f(x_0)}{z-x_0} = f'(x_0)\] et donc, par composition : \[\lim_{y \to y_0} \frac{f\!\left(f^{-1}(y)\right) – f(x_0)}{f^{-1}(y) – x_0}= f'(x_0)\] et finalement, comme \(f'(x_0)\neq 0\) : \[\lim_{y \to y_0} \frac{f^{-1}(y) – f^{-1}(y_0)}{y-y_0} =\frac{1}{f'(x_0)} =\frac{1}{f'\circ f^{-1}(y_0)}\]

    Les fonctions arctan, logarithmes, exponentielle et puissances

    La fonction arctan

    Théorème

    La fonction \(\tan\) induit une bijection de \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) sur \(\mathbb{R}\).

    Sa réciproque est appelée fonction arctangente et notée \(\mathrm{arctan}\) ; c’est une fonction continue, dérivable et strictement croissante sur \(\mathbb{R}\) et sa dérivée est : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \mathrm{arctan}'(x) = \frac{1}{1+x^2}\]

    Exercice

    Démontrer le théorème.

    Solution
    • La fonction \(\tan\) est une fonction dérivable sur \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) et telle que : \[\begin{aligned} \forall x\in \left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[,\ \tan'(x) &= 1+\tan^2(x)\\ &>0 \end{aligned}\] donc \(\tan\) est continue et strictement croissante sur \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) et induit donc une bijection de \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) sur \(\tan\!\left(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\right)\). De plus, on sait que : \[\lim_{ x \underset >\to -\frac{\pi}{2}} = {-\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{ x \underset <\to \frac{\pi}{2}} = {+\infty}\] ce qui nous permet de conclure que la fonction \(\tan\) induit une bijection de \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) sur \(\mathbb{R}\).

    • Comme \(\tan\) est continue et strictement croissante sur \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\), on peut affirmer que \(\mathrm{arctan}\) est une fonction continue et strictement croissante sur \(\mathbb{R}\)

    • Comme \(\tan\) est dérivable sur \(\left]-\dfrac{\pi}{2},\dfrac{\pi}{2}\right[\) et comme sa dérivée ne s’annule pas, \(\mathrm{arctan}\) est dérivable sur \(\mathbb{R}\) et on a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R},\ \mathrm{arctan}'(x) &= \frac{1}{\tan'(\mathrm{arctan}(x))}\\ &= \frac{1}{1+(\tan(\mathrm{arctan}(x))^2}\\ &=\frac{1}{1+x^2} \end{aligned}\]

      Graphe de la fonction arctangente

    Proposition

    On a : \[\mathrm{arctan}(x) \;\underset{x\to 0}{\sim}\; x\]

    Preuve

    Comme \(\mathrm{arctan}(0)=0\), on a : \[\forall x\in\mathbb{R}^\ast,\ \frac{\mathrm{arctan}(x)}{x} = \frac{\mathrm{arctan}(x) – \mathrm{arctan}(0)}{x-0}\] et donc, comme la fonction \(\mathrm{arctan}\) est dérivable en \(0\) : \[\lim_{x\to 0} \frac{\mathrm{arctan}(x)}{x} =\mathrm{arctan}'(0)=1\] ce qui prouve que : \(\displaystyle\mathrm{arctan}(x) \;\underset{x\to 0}{\sim}\; x\).

    Les fonctions logarithmes

    Théorème

    Il existe une unique fonction \(f\) définie et dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), telle que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f'(x)=\frac{1}{x} \quad\text{et}\quad f(1)=0\] Cette fonction est appelée logarithme népérien et notée \(\ln\).

    Remarque

    La démonstration de ce théorème faisant appel à des résultats démontrés dans le chapitre “Calcul intégral” elle fera l’objet d’un exemple dans ce chapitre.

    Définition

    Pour tout réel \(a\) strictement positif et différent de \(1\), on appelle logarithme en base la fonction notée \(\log_a\) définie sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) par : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \log_a(x)=\frac{\ln(x)}{\ln(a)}\] Si \(a=10\), la fonction logarithme en base \(10\) (ou logarithme décimal) est plus simplement notée \(\log\).

    Proposition

    Les fonctions logarithmes sont de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    Preuve

    Par définition, la fonction \(\ln\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et sa dérivée, la fonction \(x\mapsto \dfrac{1}{x}\), est de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), donc la fonction \(\ln\) est de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    Il en découle de manière immédiate que toutes les fonctions logarithmes sont de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    Remarque

    Les deux résultats suivants découlent de manière immédiate de la définition de la fonction \(\ln\) et des propriétés de la dérivée d’une fonction composée :

    Théorème

    Si \(u\) est une fonction dérivable sur un intervalle \(I\) de \(\mathbb{R}\) et prenant ses valeurs dans \(\mathbb{R}_+^\ast\), alors la fonction \(\ln \circ u\) est dérivable sur \(I\) et : \[(\ln \circ \, u)'=\frac{u'}{u}\]

    Théorème

    La fonction \(\ln\) est strictement croissante sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), strictement négative sur \(]0,1[\) et strictement positive sur \(]1,{+\infty}[\).

    Théorème

    La fonction \(\ln\) a les propriétés suivantes :

    • \(\forall (a,b)\in(\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \ln(ab)=\ln(a)+\ln(b) \rule[0pt]{0pt}{15pt}\)

    • \(\forall b\in \mathbb{R}_+^\ast,\ \ln\!\left(\dfrac{1}{b}\right)=-\ln(b)\)

    • \(\forall (a,b)\in(\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \ln\!\left(\dfrac{a}{b}\right)=\ln(a)-\ln(b)\)

    • \(\displaystyle\forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ \forall (a_i)_{1\leqslant i\leqslant n} \in \left(\mathbb{R}_+^\ast\right)^n,\ \ln\!\left(\prod_{i=1}^n a_i\right) = \sum_{i=1}^n \ln(a_i)\)

    • \(\forall a\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \forall n\in\mathbb{Z},\ \ln(a^n) =n\ln(a)\)

    Exercice
    1. En considérant la fonction \(x\mapsto \ln(ax)-\ln(a)-\ln(x)\), démontrer le premier point du théorème.

    2. Démontrer les points suivants.

    Solution
    1. Soit \(a\in\mathbb{R}_+^\ast\). La fonction \(x\mapsto ax\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), à valeurs dans \(\mathbb{R}_+^\ast\) et la fonction \(\ln\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), donc la fonction \(x\mapsto \ln(ax)\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\). On en déduit que la fonction \(f:x\mapsto \ln(ax)-\ln(x)-\ln(a)\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et que : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f'(x) &= a\times \frac{1}{ax} – \frac{1}{x}\\ &= 0 \end{aligned}\]

      Il en découle que \(f\) est constante sur \(\mathbb{R}_+^\ast\). De plus, on a : \[f(1)=\ln(a)-\ln(a)-\ln(1)=0\] donc : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f(x)=0\] et en particulier on adonc : pt \[\boxed{\forall (a,b)\in(\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \ln(ab)=\ln(a)+\ln(b)}\]

      • En prenant \(a=\dfrac{1}{b}\) dans le résultat précédent, on obtient : \[\forall b\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(1)=\ln\!\left(\frac{1}{b}\right)+\ln(b)\] et donc, comme \(\ln(1)=0\) : pt \[\boxed{\forall b\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln\!\left(\frac{1}{b}\right)=-\ln(b)}\]

      • D’après les deux points précédents, on a : \[\begin{aligned} \forall (a,b)\in (\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \ln\!\left(\frac{a}{b}\right) &= \ln\!\left(a\times \frac{1}{b}\right)\\ &= \ln(a) + \ln\!\left(\frac{1}{b}\right) \end{aligned}\] et donc : pt \[\boxed{\forall (a,b)\in (\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \ln\!\left(\frac{a}{b}\right) =\ln(a)-\ln(b)}\]

      • Démontrons par récurrence que, pour tout \(n\in\mathbb{N}^\ast\), la proposition \[\mathscr H(n) : \text{ \og } \forall (a_i)_{1\leqslant i\leqslant n} \in (\mathbb{R}_+^\ast)^n,\ \ln\!\left(\prod_{i=1}^n a_i\right) = \sum_{i=1}^n \ln(a_i) \text{ \fg}\] est vraie.

        • Pour \(n=1\), le résultat est immédiat.

        • Soit \(n\in\mathbb{N}^\ast\). Supposons que \(\mathscr H(n)\) soit vraie. Soit \((a_i)_{1\leqslant i \leqslant n+1}\in (\mathbb{R}_+^\ast)^{n+1}\). On a : \[\ln\!\left(\prod_{i=1}^{n+1} a_i\right) = \ln\!\left(\!\left(\prod_{i=1}^n a_i\right) a_{n+1}\right)\] donc, d’après le point i : \[\ln\!\left(\prod_{i=1}^{n+1} a_i\right) = \ln\!\left(\prod_{i=1}^n a_i\right) +\ln(a_{n+1}\] et d’après l’hypothèse de récurrence : \[\begin{aligned} \ln\!\left(\prod_{i=1}^{n+1} a_i\right) &= \sum_{i=1}^n \ln(a_i) +\ln(a_{n+1})\\ &= \sum_{i=1}^{n+1} \ln(a_i) \end{aligned}\] donc : \(\mathscr H(n) \Rightarrow \mathscr H(n+1)\).

        • Finalement, \(\mathscr H(n)\) est vraie pour tout \(n\in\mathbb{N}^\ast\), donc :

        pt \[\boxed{\forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ \forall (a_i)_{1\leqslant i\leqslant n} \in (\mathbb{R}_+^\ast)^n,\ \ln\!\left(\prod_{i=1}^n a_i\right) = \sum_{i=1}^n \ln(a_i)}\]

      • Soit \(a\in\mathbb{R}_+^\ast\). On distingue les cas selon le signe de \(n\).

        • Si \(n\in\mathbb{N}^\ast\). On a alors, d’après le résultat prédédent : \[\begin{aligned} \ln(a^n) &= \ln\!\left(\prod_{i=1}^n a\right) \\ &= \sum_{i=1}^n \ln(a)\\ &= n\ln(a) \end{aligned}\]

        • Si \(n=0\). On a: \[\begin{aligned} \ln(a^0) &= \ln(1)\\ &= 0\\ &= 0\ln(a) \end{aligned}\]

        • Si \(n\in\mathbb{Z}_-^\ast\). On a alors : \[\begin{aligned} \ln(a^n) &= \ln\!\left(\frac{1}{a^{-n}}\right)\\ &= -\ln\!\left(a^{-n}\right) \end{aligned}\] et comme \(-n\) appartient à \(\mathbb{N}^\ast\) : \[\begin{aligned} \ln(a^n) &= -(-n)\ln(a)\\ &= n\ln(a). \end{aligned}\]

        Dans tous les cas, on peut conclure : pt \[\boxed{\forall n\in\mathbb{Z},\ \forall a\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(a^n)=n\ln(a)}\]

    Théorème

    On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \ln(x) ={+\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{x\to 0^+} \ln(x) = {-\infty}\]

    Exercice

    On se propose de prouver le théorème.

    • Quelle est la limite de la suite \((\ln(2^n))_{n\in\mathbb{N}}\) ?

    • Justifier que la fonction \(\ln\) admet une limite \(\ell\), finie ou infinie, en \({+\infty}\).

    • Conclure.

    Solution
    1. D’après les propriétés de la fonction \( ln\), on a : \[\forall n \in \mathbb{N},\ \ln(2^n) = n\ln(2).\] Comme \(\ln(2)>0\), on en déduit : \[\boxed{\lim\limits_{n\to+\infty}\ln(2^n)={+\infty}}\]

    2. Comme \(\ln\) est strictement croissante sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), elle est monotone sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) donc, d’après le théorème de la limite monotone : \[\boxed{\text{La fonction ln admet une limite } \ell \text{, finie ou infinie, en } + \infty}\]

      • On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \ln(x) = \ell \quad\text{et}\quad\lim\limits_{n\to+\infty}2^n={+\infty}\] donc par composition : \[\lim\limits_{n\to+\infty}\ln(2^n)=\ell\] ce qui nous permet de conclure, d’après la question 1 : \[\boxed{\lim_{x\to {+\infty}} \ln(x)={+\infty}}\]

      • On a : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(x) = -\ln\!\left(\frac{1}{x}\right)\] De plus, on a : \[\lim_{x\to 0+} \frac{1}{x}={+\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{u\to {+\infty}} \ln(u)={+\infty}\] donc : \[\boxed{\lim_{x\to 0+} \ln(x)={-\infty}}\]

    Remarque

    Le lecteur pourra démontrer que la courbe représentative de \(\ln\) admet pour tangente au point d’abscisse \(1\) la droite d’équation \(y=x-1\).

    Graphiquement, on voit que la courbe est en dessous de cette tangente et plus généralement de toutes ses tangentes : on dit que la fonction \(\ln\) est concave. On peut le démontrer, par exemple, en étudiant la fonction \(x\mapsto \ln(x)-x+1\) pour démontrer que celle-ci est négative sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), et on en déduit que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(x) \leqslant x-1\] Ce résultat ne fait pas partie du cours, mais il faut le connaitre car il est très souvent utile, et surtout savoir le démontrer.

    Graphe de la fonction logarithme népérien

    Théorème

    On a : \[\ln(x) \;\underset{x\to 1}{\sim}\; x- 1 \quad\text{et}\quad\ln(1+u) \;\underset{u\to 0}{\sim}\; u\]

    Preuve

    On remarque que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast\setminus \{1\},\ \frac{\ln(x)}{x-1} = \frac{\ln(x)-\ln(1)}{x-1}\] et donc, comme la fonction \(\ln\) est dérivable en \(1\) : \[\lim_{x\to 1} \frac{\ln(x)}{x-1}=\ln'(1)=1\] ce qui prouve que : \[\ln(x) \;\underset{x\to 1}{\sim}\; x-1\] Le second équivalent se déduit de manière immédiate par changement de variable \(x=1+u\).

    La fonction exponentielle

    Théorème

    La fonction \(\ln\) est une bijection strictement croissante de \(\mathbb{R}_+^\ast\) sur \(\mathbb{R}\) ; sa réciproque est appelée fonction exponentielle et elle est notée \(\exp\).

    Preuve

    On a déjà vu que \(\ln\) est continue et strictement croissante sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et que : \[\lim_{x\to {+\infty}} \ln(x) ={+\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{x\to 0^+} \ln(x) = {-\infty}\] ce qui suffit pour affirmer qu’elle réalise une bijection de \(\mathbb{R}_+^\ast\) sur \(\mathbb{R}\).

    Proposition

    La fonction exponentielle est de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}\) et : \[\forall n \in \mathbb{N},\ \exp^{(n)}=\exp\]

    Exercice

    Démontrer la proposition.

    Solution

    La fonction \(\ln\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et sa dérivée, la fonction inverse, ne s’annule pas sur cet intervalle, donc la fonction exponentielle (réciproque de \(\mathbb{R}\) dans \(\mathbb{R}_+^\ast\) de la fonction \(\ln\)) est dérivable sur \(\mathbb{R}\) et on a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R},\ \exp'(x) &= (\ln^{-1})'(x)\\ &= \frac{1}{|n'(\exp(x))}\\ &=\frac{1}{\frac{1}{\exp(x)}}\\ &= \exp(x) \end{aligned}\]

    On en déduit par récurrence que, pour tout \(n\in\mathbb{N}\), la fonction exponentielle est \(n\) fois dérivable sur \(\mathbb{R}\) et que : \(\exp^{(n)}=\exp\), ce qui nous permet de conclure que la fonction exponentielle est de classe \( \mathcal{C}^\infty \) sur \( \mathbb{R} \) et que : \[ \forall n \in\mathbb{N},\ \exp^{(n)} = \exp \]

    Proposition

    Si \(u\) est une fonction dérivable sur un intervalle \(I\) de \(\mathbb{R}\), à valeurs dans \(\mathbb{R}\), alors la fonction \(\exp \circ \,u\) est dérivable sur \(I\) et : \[(\exp \circ \,u)' = u'\times \exp\circ \, u\]

    Proposition

    La fonction exponentielle est une bijection strictement croissante de \(\mathbb{R}\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\).

    Théorème

    • \(\exp(0)=1\)

    • \(\forall (a,b)\in\mathbb{R}^2,\ \exp(a+b)=\exp(a) \times \exp(b) \rule[0pt]{0pt}{20pt}\)

    • \(\forall b\in\mathbb{R},\ \exp(-b)=\dfrac{1}{\exp(b)}\)

    • \(\forall (a,b)\in\mathbb{R}^2,\ \exp(a-b)=\dfrac{\exp(a)}{\exp(b)}\)

    • \(\displaystyle\forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ \forall (a_i)_{1\leqslant i\leqslant n} \in \mathbb{R}^n,\ \exp\!\left(\sum_{i=1}^n a_i\right) = \prod_{i=1}^n \exp(a_i)\)

    • \(\forall a\in\mathbb{R},\ \forall n\in\mathbb{Z},\ \left(\exp(a)\right)^n =\exp(na)\)

    Preuve
    • Comme \(\exp\) est la réciproque de la fonction \(\ln\), on a : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \exp(\ln(x))=x\] et donc en particulier : \[\exp(0)=\exp(\ln(1))=1\]

    • Soit \((a,b)\in\mathbb{R}^2\). Comme la fonction \(\ln\) est bijective de \(\mathbb{R}_+^\ast\) sur \(\mathbb{R}\), il existe un unique couple \((u,v)\) de réels strictement positifs tels que : \[a=\ln(u) \quad\text{et}\quad b=\ln(v)\] et alors : \[u=\exp(a) \quad\text{et}\quad v=\exp(b)\] et donc : \[\begin{aligned} \exp(a +b) &= \exp\!\left(\ln(u)+\ln(v)\right)\\ &= \exp(\ln(uv))\\ &= uv\\ &= \exp(a) \times \exp(b) \end{aligned}\]

      Les points suivant s’en déduisent naturellement.

    Remarque

    On peut constater que la fonction exponentielle a des propriétés analogues à celles des opérations sur les puissances. Cela nous conduit aux notations suivantes :

    Notation

    On note : \[\mathrm{e}=\exp(1) \quad\text{et}\quad\forall x\in\mathbb{R},\ \mathrm{e}^x=\exp(x)\]

    Remarque

    Le lecteur pourra démontrer que la courbe représentative de \(\exp\) admet pour tangente au point d’abscisse \(0\) la droite d’équation \(y=x+1\).

    Graphiquement, on voit que la courbe est au dessus de cette tangente et plus généralement de toutes ses tangentes : on dit que la fonction \(\exp\) est convexe. On peut le démontrer, par exemple, en étudiant la fonction \(x\mapsto \mathrm{e}^x-x-1\) pour démontrer que celle-ci est positive sur \(\mathbb{R}\), et on en déduit que : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \mathrm{e}^x \geqslant 1+x\] Ce résultat ne fait pas partie du cours, mais il faut le connaitre car il est très souvent utile, et surtout savoir le démontrer.

    Graphe de la fonction exponentielle

    Théorème

    On a : \[\mathrm{e}^x-1 \;\underset{x\to 0}{\sim}\; x\]

    Preuve

    On remarque que : \[\forall x\in\mathbb{R}^\ast,\ \frac{\mathrm{e}^x-1}{x} = \frac{\mathrm{e}^x-\mathrm{e}^0}{x-0}\] et donc, comme la fonction \(\exp\) est dérivable en \(0\) : \[\lim_{x\to 0} \frac{\mathrm{e}^x-1}{x}=\exp'(0)=1\] ce qui prouve que : \[\ln(x) \;\underset{x\to 1}{\sim}\; x-1\]

    Théorème

    On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \mathrm{e}^x={+\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{x\to {-\infty}} \mathrm{e}^x=0\]

    Preuve
    • La fonction exponentielle est monotone sur \(\mathbb{R}\) donc, d’après le théorème de la limite monotone, elle admet une limite \(\ell\) en \({+\infty}\), finie ou infinie. De plus, on a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \ln(x)={+\infty}\] donc par convention : \[\lim_{x\to {+\infty}} \mathrm{e}^{\ln(x)}=\ell\] Or on a: \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \mathrm{e}^{\ln(x)}=x\] d’où : \[\lim_{x\to {+\infty}} \mathrm{e}^x={+\infty}\]

    • On a : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \mathrm{e}^x=\frac{1}{\mathrm{e}^{-x}}\]

      De plus on a : \[\lim_{x\to {-\infty}} (-x)={+\infty},\quad \lim_{u\to {+\infty}} \mathrm{e}^u ={+\infty}\quad\text{et}\quad\lim_{t\to {+\infty}} \frac{1}{t}=0\] d’où : \[\lim_{x\to {-\infty}} \mathrm{e}^x =0\]

    Définition

    Pour tout réel \(a\) strictement positif, on appelle fonction exponentielle en base la fonction notée \(\exp_a\) définie sur \(\mathbb{R}\) par : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \exp_a(x)=\exp(x\ln(a))\] Compte tenu des propriétés de la fonction exponentielle, on note aussi plus simplement : \[\forall x\in\mathbb{R},\ \exp_a(x)=\exp(x\ln(a))=a^x\]

    Remarques
    • La fonction exponentielle est donc également la fonction exponentielle en base \(\mathrm{e}\).

    • Comme \(\ln(\exp(1))=1\), la fonction \(\ln\) est aussi le logarithme en base \(\mathrm{e}\).

    Les fonctions puissances

    Définition

    Pour tout réel \(a\), on appelle fonction puissance d’exposant la fonction \(f_a\) définie sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) par : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f_a(x)=x^a= \exp(a\ln(x))\]

    Remarque
    • D’après les propriétés de la fonction \(\ln\), on a donc : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ \forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ (x^n)^\frac{1}{n} &=\exp\!\left(\frac{1}{n}\,\ln(x^n)\right)\\ &=\exp(\ln(x))\\ &=x. \end{aligned}\]

      De même, on a : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ \forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \left(x^\frac{1}{n}\right)^n &=\exp\!\left(n\ln\!\left(\frac{1}{n}\right)\right)\\ &= \exp(\ln(x))\\ &=x. \end{aligned}\]

      On en déduit que, pour tout entier naturel \(n\) non nul, la fonction \(x\mapsto x^{\frac{1}{n}}\) est égale sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) à la restriction à \(\mathbb{R}_+^\ast\) de la fonction \(x\mapsto \sqrt[n]{x}\) (racine \(n^{\grave{e}me}\))

    • Les résultats suivants découlent de manière immédiate des propriétés des fonctions \(\exp\) et \(\ln\) :

    Proposition

    Pour tout réel \(b\), on a : \[\forall a\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(a^b)=b\ln(a)\]

    Proposition

    Pour tout réel \(a\), la fonction \(f_a:x\mapsto x^a=\exp(a\ln(x))\) est de classe \(\mathcal{C}^\infty\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f_a'(x) = \frac{a}{x}\,\exp(a\ln(x))=ax^{a-1}\]

    Théorème

    Soit \(a\in\mathbb{R}\). On a :

    • si \(a>0\), alors : \(\displaystyle\lim_{x\to 0^+} x^a=0\) et \(\displaystyle\lim_{x\to {+\infty}} x^a={+\infty}\)

    • si \(a<0\), alors : \(\displaystyle\lim_{x\to 0^+} x^a={+\infty}\) et \(\displaystyle\lim_{x\to {+\infty}} x^a=0\)

    Remarque

    Si \(a>0\), on prolonge donc naturellement la fonction \(f_a:x\mapsto x^a\) par continuité en \(0\) en posant : \(f_a(0)=0\).

    Graphes des fonctions puissances

    Théorème

    On a : \[\forall \alpha \in\mathbb{R},\ (1+x)^\alpha -1 \;\underset{x\to 0}{\sim}\; \alpha x\]

    Preuve

    Si \(\alpha=0\), l’équivalence est évidente puisqu’il y a égalité. Soit alors \(\alpha\in\mathbb{R}^\ast\). Comme la fonction \(x\mapsto 1+x\) est dérivable et strictement positive sur \(]-1,{+\infty}[\) et comme la fonction \(t\mapsto t^\alpha\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), la fonction \(g:x\mapsto (1+x)^\alpha\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) et : \[\forall x\in\left]-1,{+\infty}\right[,\ g'(x)=\alpha\left(1+x\right)^{\alpha-1}\]

    De plus, on a : \[\forall x\in\left]-1,{+\infty}\right[,\ \frac{(1+x)^\alpha-1}{\alpha x} = \frac{1}{\alpha}\times \frac{g(x)-g(0)}{x-0}\] et donc : \[\lim_{x\to 0} \frac{(1+x)^\alpha-1}{\alpha x} = \frac{1}{\alpha}\times g'(0)=1\] ce qui prouve que : \[(1+x)^\alpha -1 \;\underset{x\to 0}{\sim}\; \alpha x\]

    Comparaison des fonctions de référence : croissances comparées

    Dans un grand nombre de calculs de limites, on se retrouve avec des opérations donnant lieu à des formes indéterminées du type \(\infty – \infty\) ou \(\dfrac{\infty}{\infty}\) . Dans un tel cas, il est intéressant de savoir quelle fonction est éventuellement prépondérante. On a déjà vu dans le chapitre 16 comment comparer entre elles les fonctions polynômes et les fonctions rationnelles. Mais qu’en est-il des fonctions \(\exp\), \(\ln\) et \(x\mapsto x^a\) (avec \(a>0\)) introduites ci-avant et qui sont toutes croissantes sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) ?

    L’objet de ce paragraphe est de comparer ces fonctions en déterminant, pour chaque comparaison possible, quelle fonction croit le plus vite pour aider, dans les calculs de limites, à identifier la fonction prépondérante.

    Comparaison des fonctions puissances

    Théorème

    Soit \((a,b)\) un couple de réels strictement positifs. On a : \[0<a<b \Rightarrow \begin{cases} x^a \underset {x\to {+\infty}}= \circ(x^b) \\ x^b \underset {x\to 0^+}= \circ(x^a) \rule[0pt]{0pt}{20pt}\\ \end{cases}\]

    Preuve

    On suppose que : \(0<a<b\). On sait que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \frac{x^a}{x^b}=x^{a-b} \quad\text{et}\quad\frac{x^b}{x^a}=x^{b-a}.\] Comme \(a-b<0\) et \(b-a>0\), on a donc : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{x^a}{x^b}=0 \quad\text{et}\quad\lim_{x\to 0^+} \frac{x^a}{x^b}\frac{x^b}{x^a}=0.\]

    Comparaison des fonctions puissances et ln

    Théorème

    Soit \((a,b)\) un couple de réels strictement positifs. On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{(\ln(x))^b}{x^a}=0\] Autrement dit : \[(\ln(x))^b \underset{x\to {+\infty}}= \circ(x^a)\]

    Exercice

    On se propose de démontrer le théorème.

      • Démontrer que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(x) \leqslant x\]

      • En déduire que : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x}=0\]

    1. Déduire du résultat précédent que : \[\forall a\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x^a}=0\] puis que : \[\forall (a,b)\in (\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \lim_{x\to {+\infty}} \frac{(\ln(x))^b}{x^a}=0\]

    Solution
      • La fonction \(f:x\mapsto \ln(x)-x\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_+^\ast\) comme somme de fonctions qui le sont et on a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f'(x) &= \frac{1}{x} -1\\ &=\frac{1-x}{x} \end{aligned}\] On en déduit que : \[\forall x\in\left]0,1\right[,\ f'(x) >0 \quad\text{et}\quad\forall x\in\left[1,{+\infty}\right[,\ f'(x) \leqslant 0\] Ainsi \(f\) est croissante sur \(]0,1]\) et décroissante sur \([1,{+\infty}[\) donc \(f(1)=-1\) est le maximum de \(f\) sur \(\mathbb{R}_+^\ast\), donc : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ f(x) \leqslant -1 \leqslant 0\] et donc : pt \[\boxed{\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \ln(x) \leqslant x}\]

      • D’après le résultat précédent et comme la fonction \(\ln\) est positive sur \([1,{+\infty}[\), on a : \[\forall x\in\left[1,{+\infty}\right[,\ 0 \leqslant \ln(\sqrt{x}) \leqslant \sqrt{x}\] et donc, d’après les propriétés de la fonction \(\ln\) : \[\forall x\in\left[1,{+\infty}\right[,\ 0 \leqslant \frac{\ln(x)}{2} \leqslant \sqrt{x}\] d’où : \[\forall x\in\left[1,{+\infty}\right[,\ 0 \leqslant \frac{\ln(x)}{x} \leqslant \frac{2}{\sqrt{x}}\]

        De plus on a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{2}{\sqrt{x}}=0\] et donc, d’après le théorème de l’encadrement : pt \[\boxed{\lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x}=0}\]

      • Soit \(a\in\mathbb{R}_+^\ast\). On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} x^a={+\infty}\] donc, d’après le résultat précédent et par composition : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x^a)}{x^a} = 0\] soit encore : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{a\ln(x)}{x^a} = 0\] et finalement, comme \(a\neq 0\) : pt \[\boxed{\forall a\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x^a}=0}\]

      • Soit \((a,b)\in(\mathbb{R}_+^\ast)^2\). On a : \[\lim_{t\to 0} t^b=0 \quad\text{et}\quad\lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x^{b/a}}=0\] donc, par composition : \[\lim_{x\to {+\infty}} \left(\frac{\ln(x)}{x^{b/a}}\right)^b=0\] d’où : pt \[\boxed{\forall (a,b)\in (\mathbb{R}_+^\ast)^2,\ \lim_{x\to {+\infty}} \frac{(\ln(x))^b}{x^a}=0}\]

    Exercice

    Déterminer la limite en \({+\infty}\) de la fonction \(x\mapsto x^2-\sqrt{x}-\ln(x)\).

    Solution

    On a : \[\begin{aligned} \forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ x^2-\sqrt{x}-\ln(x) &= x^2\left(1-\frac{1}{x^\frac{3}{2}} – \frac{\ln(x)}{x^2}\right) \end{aligned}\] Or on a, d’après les limites usuelles et les croissances comparées : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{1}{x^\frac{3}{2}}=0 \quad\text{et}\quad\lim_{x\to {+\infty}} \frac{\ln(x)}{x^2}=0\] donc : \[\lim_{x\to {+\infty}} \left(1-\frac{1}{x^\frac{3}{2}} – \frac{\ln(x)}{x^2}\right)=1,\] et donc : pt \[\boxed{\lim_{x\to {+\infty}} \left( x^2-\sqrt{x}-\ln(x)\right)={+\infty}}\]

    Théorème

    Soit \((a,b)\) un couple de réels strictement positifs. On a : \[\lim_{x\to 0^+} x^a\left| \ln(x) \right|^b=0\] Autrement dit : \[\left| \ln(x) \right|^b \underset{x\to {+\infty}}= \circ\!\left(\frac{1}{x^a}\right)\]

    Remarques
    • Ce résultat est se déduit immédiatement de la comparaison de croissance entre la fonction \(\ln\) et les fonctions puissances, en effectuant le changement de variable \(u=\dfrac{1}{x}\).

    • On retiendra donc qu’en \(0\) ou en \({+\infty}\), la fonction puissance l’emporte sur la fonction \(\ln\) lorsqu’il y a une forme indéterminée.

    • Les deux résultats précédents restent valables si \(b\) est négatif ou nul. Mais il ne s’agit pas alors de croissances comparées puisqu’il n’y a pas d’indétermination dans ce cas.

    • Attention à ne pas abuser de l’expression par croissances comparées et bien penser à vérifier qu’il s’agit bien de comparaison de croissances.

    Comparaison des fonctions puissances et exponentielle

    Théorème

    Soit \((a,b)\) un couple de réels strictement positifs. On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{x^a}{\mathrm{e}^{x^b}} =0\] Autrement dit : \[x^a \underset{x\to {+\infty}}= \circ\!\left(\mathrm{e}^{x^b} \right)\]

    Preuve

    On peut remarquer que : \[\forall x\in\mathbb{R}_+^\ast,\ \frac{x^a}{\mathrm{e}^{x^b}} = \frac{(\ln(\mathrm{e}^{x^b})^{b/a}}{\mathrm{e}^{x^b}}\] De plus, par croissances comparées et comme \(\dfrac{a}{b}\) est strictement positif, on a : \[\lim_{t\to {+\infty}} \frac{(\ln(t))^{a/b}}{t}=0\] Enfin on a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \mathrm{e}^{x^b}={+\infty}\] donc, par composition : \[\lim_{x\to {+\infty}}\frac{(\ln(\mathrm{e}^{x^b})^{b/a}}{\mathrm{e}^{x^b}}= 0\] ce qui prouve le résultat attendu.

    Remarques
    • On retiendra qu’au voisinage de \({+\infty}\), les fonctions exponentielles sont prépondérantes sur les fonctions puissances

    • On en déduit de manière immédiate le résultat suivant.

    Comparaison des fonctions ln et exponentielle

    Théorème

    Soit \((a,b)\) un couple de réels strictement positifs. On a : \[\lim_{x\to {+\infty}} \frac{(\ln(x))^a}{\mathrm{e}^{x^b}} =0\] Autrement dit : \[(\ln(x))^a\underset{x\to {+\infty}}= \circ\!\left(\mathrm{e}^{x^b} \right)\]