Études de suites-1 (Prérentrée ECG1)

Exercice 1 (🔥) : Étude d'une suite
📄 Énoncé

Soit \(u\) la suite définie par : \(\displaystyle \forall n \in \mathbb{N}^*, \ u_n=\frac{n \left( n+2 \right)}{(n+1)^2}\).

    1. Prouver que : \(\forall n \in \mathbb{N}^*, \ 0<u_n<1\).

    2. Étudier les variations sur \(\mathbb{R}_{+}^*\) de la fonction \(\displaystyle f: x \mapsto \frac{x \left( x+2 \right)}{(x+1)^2}\). Que peut-on en déduire pour la suite \(u\) ?

    3. Déterminer la limite de la suite \(u\).

  1. On pose : \(\displaystyle \forall n \in \mathbb{N}^*, \ v_n=\prod_{k=1}^n u_k=u_1 \times u_2 \times \cdots \times u_n\).

    1. Prouver par récurrence que : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ v_n=\frac{n+2}{2 \left( n+1 \right)}\]

    2. Quelle est la limite de la suite \(v\) ?

  2. On pose : \(\forall n \in \mathbb{N}^*, \ w_n=\ln (u_n)\).

    1. Étudier la monotonie et le signe de la suite \(w\).

    2. Déterminer la limite de la suite \(w\).

✅ Corrigé
    1. On a : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ u_n=\frac{n^2+2 n}{n^2+2 n+1}\]

      Or on a par ailleurs : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, 0<n^2+2 n<n^2+2 n+1\] d’où :

      \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ 0<u_n<1\]

      Le fait que \(u_n\) est strictement positif étant assez immédiat, on pouvait aussi prouver l’inégalité \(u_n<1\) en calculant et simplifiant \(1-u_n\) : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}^\ast,\ 1-u_n &= 1- \frac{n \left( n+2 \right)}{(n+1)^2} \\ &= \frac{(n+1)^2 - n \left( n+2 \right)}{(n+1)^2} \\ &= \frac{1}{(n+1)^2} \\ &>0 \end{aligned}\]

      • Pour simplifier, les calculs on peut remarquer que : \[\begin{aligned} \label{fSimpl} \forall x \in \mathbb{R}_{+}^*, \ f(x) &=\frac{(x+1)^2-1}{(x+1)^2} \nonumber \\ &=1-\frac{1}{(x+1)^2} \end{aligned}\]

        \(f\) est dérivable sur \(\mathbb{R}_{+}^*\) comme fonction rationnelle définie sur cet intervalle et : \[\begin{aligned} \forall x \in \mathbb{R}_{+}^*, \ f^{\prime}(x) &=\frac{2}{(x+1)^3} . \\ &>0 \end{aligned}\]

        On peut donc conclure :

        \(f\) est strictement croissante sur \(\mathbb{R}_{+}^*\)

      • On a : \[\label{uSimpl} \forall n \in \mathbb{N}, \ u_n=f(n)\]

        On déduit donc du résultat précédent que la suite \(u\) est strictement croissante. Comme elle est majorée (par \(1\) d’après la question 1a), on peut donc en déduire, d’après le théorème de la limite monotone :

        \(u\) est strictement croissante et convergente

    2. D’après [uSimpl] et [fSimpl], on a : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ u_n=1- \frac{1}{(n+1)^2}\]

      Or on a : \[\lim\limits_{n\to+\infty}(n+1)^2 = {+\infty}\quad \text{et} \quad \lim_{x\to {+\infty}} \frac{1}{x} = 0\] donc : \[\lim\limits_{n\to+\infty}\frac{1}{(n+1)^2} = 0\] d’où :

      \[\lim _{n \rightarrow+\infty} u_n=1\]

    1. Pour tout \(n \in \mathbb{N}^*\), on note \(\mathcal H(n)\) la proposition \(\displaystyle v_n=\frac{n+2}{2 \left( n+1 \right)}\) .

      • Pour \(n=1\). Par définition, on a : \[v_1=u_1=\frac{1 \times 3}{(1+1)^2}=\frac{1+2}{2 \left( 1+1 \right)}\]

        Ainsi, \(\mathcal H(1)\) est vraie.

      • Soit \(n \in \mathbb{N}^*\). Supposons que \(\mathcal H(n)\) soit vraie. Par définition, on a : \[\begin{aligned} v_{n+1} &=\prod_{k=1}^{n+1} u_k \\ &=v_n \times u_{n+1} \end{aligned}\]

        D’après \(\mathcal H(n)\), on en déduit : \[\begin{aligned} v_{n+1} &=\frac{(n+2)}{2 \left( n+1 \right)} \times \frac{(n+1)(n+3)}{(n+2)(n+2)} \\ &=\frac{n+3}{2 \left( n+2 \right)} \end{aligned}\]

        Ainsi : \(\mathcal H(n) \Rightarrow \mathcal H(n+1)\).

      • On peut finalement conclure :

      \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ v_n=\frac{n+2}{2 \left( n+1 \right)}\]

    2. D’après le résultat précédent, on obtient, en factorisant le terme dominant au numérateur et au dénominateur : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}^*, \ v_n &=\frac{n \left(1+\frac{2}{n}\right)}{n\left(2+\frac{2}{n}\right)} \\ &=\frac{1+\frac{2}{n}}{2+\frac{2}{n}} \end{aligned}\]

      Or on a : \[\lim\limits_{n\to+\infty}\left(1+\frac{2}{n}\right) = 1 \quad \text{et} \quad \lim\limits_{n\to+\infty}\left(2+\frac{2}{n}\right) = 2 \neq 0\]

      donc, par quotient :

      \[\lim _{n \rightarrow+\infty} v_n=\frac{1}{2}\]

    1. D’après les résultats des questions 1a et 1b, on a : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ 0<u_n<u_{n+1}<1\]

      donc, comme la fonction \(\ln\) est strictement croissante sur \(\mathbb{R}_{+}^*\) : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ \ln (u_n)<\ln (u_{n+1})<\ln (1)\]

      c’est-à-dire : \[\forall n \in \mathbb{N}^*, \ w_n<w_{n+1}<0\]

      ce qui nous permet de conclure :

      La suite \(w\) est strictement croissante et négative

    2. Comme la suite \(u\) converge vers 1 et comme la fonction \(\ln\) est continue en \(1\), on a :

      \[\lim _{n \rightarrow+\infty} w_n= \ln(1) = 0\]

📝 Mes notes :

Exercice 2 (🔥) : Étude d'une suite homographique
📄 Énoncé

On considère la suite définie par son premier terme \(u_0=2\) et par la relation : \[\forall n \in \mathbb{N}, \ u_{n+1}=\frac{5 u_n-1}{u_n+3}\]

  1. Prouver que : \[\forall x \in[1,2], \ \frac{5 x-1}{x+3} \in[1,2]\]

    En déduire que la suite \(u\) est bien définie.

  2. Étudier la monotonie de la suite \(u\).

  3. Prouver que la suite \(u\) converge et déterminer sa limite.

✅ Corrigé
    • La fonction \(f: x \mapsto \frac{5 x-1}{x+3}=5-\frac{16}{x+3}\) est dérivable sur \([1,2]\) comme fonction rationnelle définie sur cet intervalle et on a :

      \[\begin{aligned} \forall x \in[1,2], \ f^{\prime}(x)&=\frac{16}{(x+3)^2} \\ &>0 \end{aligned}\]

      Commentaire

      Quand on veut encadrer une fonction simple, il est souvent efficace d’étudier ses variations

      La fonction \(f\) est donc croissante sur \([1,2]\). Comme \(f(1)=1\) et \(f(2)=\frac{9}{5}\), on a donc : \[\forall x\in [1,2],\ 1 \leqslant f(x) \leqslant \frac{9}{5} \leqslant 2\] d’où :

      \[\forall x \in[1,2], \ 1 \leqslant \frac{5 x-1}{x+3} \leqslant 2\]

    • Montrons par récurrence que, pour tout entier naturel \(n\), la proposition \(\mathcal P(n )\) : \(u_n\) existe et appartient à \([1,2]\) est vraie.

      • Pour \(n=0\). Par définition, \(u_0=2\) donc \(\mathcal P(0)\) est vraie.

      • Soit \(n \in \mathbb{N}\). Supposons que \(\mathcal P(n)\) soit vraie. Comme \(u_n\) existe et appartient à \([1,2]\), le résultat précédent nous permet de dire que \(u_{n+1}=f\left(u_n\right)\) existe et appartient également à \([1,2]\).

        Ainsi : \(\mathcal P(n) \Rightarrow \mathcal P(n+1)\).

      • Ainsi, pour tout entier naturel \(n, P(n)\) est vraie et donc :

      La suite \(u\) est bien définie

    Méthode

    Se souvenir que, quand on veut prouver qu’une suite \(u\) vérifiant une relation de récurrence de la forme \(u_{n+1} = f(u_n)\) est bien définie, on procède le plus souvent ainsi :

    • on vérifie que \(u_0\) appartient à un intervalle \(I\) stable par \(f\) (c’est-à-dire tel que \(f\) soit bien définie sur \(I\) et tel que \(f(x) \in I\) pour tout \(x\in I\)),

    • on montre par récurrence que, pour tout \(n \in\mathbb{N}\), \(u_n\) existe et appartient à \(I\).

  1. On a : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}, \ u_{n+1}-u_n & =\frac{5 u_n-1}{u_n+3}-u_n \\ & =\frac{-u_n{ }^2+2 u_n-1}{u_n+3} \\ &=-\frac{\left(u_n-1\right)^2}{u_n+3} \\ &\leqslant 0 \end{aligned}\]

    d’où :

    La suite \(u\) est décroissante

  2. Comme la suite \(u\) est décroissante et bornée par 1 et 2 (cf. question 1), le théorème de la limite monotone assure qu’elle converge vers une limite \(\ell\) comprise entre 1 et 2.

    De plus, on a : \[\forall n \in \mathbb{N}, \ u_{n+1}=f(u_n)\]

    Commentaire

    Pour trouver la valeur de \(\ell\), on peut trouver une équation vérifiée par \(\ell\), notamment en faisant tendre \(n\) vers \(+\infty\) dans la relation définissant la suite \(u\)

    Comme \(f\) est continue sur \([1,2]\), on a donc : \(\ell=f(\ell)\). De plus, on a : \[\begin{aligned} \ell=f(\ell) & \Leftrightarrow \ell=\frac{5 \ell-1}{\ell+3} \\ &\Leftrightarrow \ell^2+3 \ell=5 \ell-1 \\ &\Leftrightarrow \ell^2-2 \ell+1=0 \\ & \Leftrightarrow(\ell-1)^2=0 \\ &\Leftrightarrow \ell=1 \end{aligned}\]

    ce qui nous permet de conclure :

    La suite \(u\) converge vers 1

📝 Mes notes :

Exercice 3 (🔥🔥) : Étude d'une suite récurrente
📄 Énoncé

On considère la suite \(u\) définie par son premier terme \(u_0\) positif ou nul et par la relation : \[\forall n \in \mathbb{N}, u_{n+1}=\frac{1+u_n^2}{2}\]

  1. Étudier la monotonie de la suite \(u\).

  2. Quelle sont les limites possibles de la suite \(u\) ?

  3. En déduire, en distinguant les cas selon la valeur de \(u_0\), la nature et la limite éventuelle de \(u\).

✅ Corrigé
  1. On a : \[\begin{aligned} \forall n \in \mathbb{N}, \ u_{n+1}-u_n &=\frac{1+u_n{ }^2}{2}-u_n \\ &=\frac{u_n{ }^2-2 u_n+1}{2} \\ &=\frac{\left(u_n-1\right)^2}{2} \\ &\geqslant 0 \end{aligned}\]

    On peut donc conclure :

    La suite \(u\) est croissante

  2. Supposons que la suite \(u\) converge vers une limite \(\ell\). Comme la fonction \(x \mapsto \frac{1+x^2}{2}\) est continue sur \(\mathbb{R}\), on obtient alors, en faisant tendre \(n\) vers \(+\infty\) dans la relation définissant la suite : \[\ell=\frac{1+\ell^2}{2}\]

    Commentaire

    Quand on cherche les limites possibles d’une suite, on peut supposer l’existence d’une limite et faire tendre \(n\) vers \(+\infty\) dans la relation définissant la suite, mais il ne faut pas oublier qu’une limite peut être infinie

    Or on a, pour tout réel \(x\) : \[\begin{aligned} x= \frac{1+x^2}{2} &\Leftrightarrow 2x=1+x^2 \\ &\Leftrightarrow x^2-2x+1 = 0 \\ &\Leftrightarrow (x-1)^2 = 0 \\ &\Leftrightarrow x=1 \end{aligned}\]

    Ainsi, si la suite \(u\) converge, sa limite est égale à \(1\). De plus elle est croissante donc si elle a une limite infinie, celle-ci est nécessairement égaler à \({+\infty}\) donc :

    Les seules limites possibles de la suite \(u\) sont 1 et \(+\infty\)

  3. D’après le théorème de la limite monotone, comme la suite \(u\) est croissante, elle a une limite \(\ell\), finie ou infinie. De plus, cette limite est finie si, et seulement si, la suite \(u\) est majorée.

    Commentaire

    On commence par étudier l’existence d’une limite pour la suite \(u\), puis on cherche une condition nécessaire et suffisante pour que cette limite soit finie

    En outre, la suite \(u\) étant croissante, si elle converge vers \(\ell\), elle est nécessairement majorée par \(\ell\). Deux cas se présentent donc :

    • si \(u_0>1\). Dans ce cas, la suite \(u\) n’est pas majorée par 1 (car elle est croissante), donc ne peut pas converger vers 1. D’après le résultat de la question précédente, elle ne peut donc avoir de limite finie et donc : \(\ell=+\infty\).

    • si \(u_0 \in[0,1]\). Montrons par récurrence que, pour tout entier naturel \(n\), la proposition \(\mathcal{P}(n)\) : \(0 \leqslant u_n \leqslant 1\) est vraie.

      • Pour \(n=0\). Par hypothèse, \(\mathcal{P}(0)\) est vraie.

      • Soit \(n \in \mathbb{N}\). Supposons que \(\mathcal{P}(n)\) soit vraie. On a alors, comme la fonction \(t\mapsto t^2\) est croissante sur \(\mathbb{R}_+\) : \[0 \leqslant u_n^2 \leqslant 1\] donc : \[\frac{1+0}{2}\leqslant \frac{1+u_n{ }^2}{2} \leqslant \frac{1+1}{2}\] d’où : \[0 \leqslant u_{n+1} \leqslant 1\] Ainsi \(\mathcal{P}(n) \Rightarrow \mathcal{P}(n+1)\).

      • Ainsi, pour tout entier naturel \(n\), on a bien : \(0 \leqslant u_n \leqslant 1\).

      Dans ce cas, la suite \(u\) est donc croissante et majorée, donc elle converge et, d’après la question précédente, sa limite ne peut être que 1.

    On peut finalement conclure :

    La suite \(u\) converge vers 1 si \(u_0 \in[0,1]\) et tend vers \(+\infty\) sinon

📝 Mes notes :